Les mégalithes de Malte constituent l’un des mystères les plus fascinants de l’archéologie. Ces constructions monumentales, érigées il y a des milliers d’années par une civilisation dont nous connaissons peu de choses, défient encore aujourd’hui notre compréhension des compétences techniques et des croyances des peuples du Néolithique. Qui étaient ces bâtisseurs mystérieux qui ont sculpté et déplacé d’énormes blocs de pierre pour édifier des temples élaborés ? Quels secrets recèlent les alignements astronomiques et les motifs complexes gravés dans ces structures cyclopéennes ? En explorant l’histoire et les légendes entourant ces édifices, nous plongeons dans un passé lointain, révélant une culture sophistiquée et énigmatique dont l’héritage continue d’intriguer et de captiver les chercheurs et les passionnés d’histoire à travers le monde.
L’île de Malte, située au cœur de la Méditerranée, a été un carrefour de civilisations depuis la haute Antiquité, accueillant de nombreuses cultures et religions. Depuis son indépendance du Royaume-Uni en 1964, Malte a connu les tumultes de l’histoire, y compris la Seconde Guerre mondiale où elle subit plus de trois mille alertes aux bombardements en raison de sa position stratégique. L’île a également été un point clé lors des guerres napoléoniennes, tombant sous domination britannique après la chute de Napoléon en 1814. Avant cela, Napoléon avait conquis l’île lors de la campagne d’Égypte de 1798.
Les Chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean
Avant l’arrivée de Napoléon, Malte était sous la suzeraineté des chevaliers de l’ordre de Saint-Jean, un ordre de moines guerriers. En 1530, l’île fut offerte à cet ordre par l’empereur Charles Quint, marquant le début d’une période de grande importance historique pour Malte. Les chevaliers fortifièrent l’île, fondèrent de nouvelles villes comme La Valette, et résistèrent aux assauts de l’Empire ottoman, atteignant leur apogée chevaleresque. Avant cette époque, Malte était sous domination des puissances européennes et de la religion chrétienne, passant sous la gouvernance des Hohenstaufen d’Allemagne, des seigneurs angevins et des Aragonais. Précédemment, l’île avait été conquise par le sultan Muhammad ibn Khadafcha en 870, ouvrant une période de domination musulmane.
Les Conquêtes Antérieures
Antérieurement, l’Empire byzantin avait reconquis l’île en 533 après la chute de l’Empire romain d’Occident en 476, et encore avant, Rome dominait Malte après sa victoire sur Carthage en -218 lors des guerres puniques. Les Carthaginois avaient eux-mêmes conquis l’île des Phéniciens autour de l’an -900. Les Phéniciens y avaient établi des cultes dédiés à leurs divinités comme Astarté et Melqart.
Les Origines Anciennes de Malte
Cependant, l’histoire de Malte ne commence pas avec ces conquêtes successives. Elle remonte à des milliers d’années, au début du IVe millénaire av. J.-C., époque des constructions mégalithiques à l’architecture cyclopéenne. À la fin du Dryas récent vers -8500, Malte était reliée au continent par la Sicile, mais devint une île isolée suite à la montée des eaux. Les premières communautés humaines s’établirent sur l’île vers -5200, nécessitant des connaissances en navigation. La première vague de colonisation est attribuée à la culture cardiale du Néolithique.
La Période Mégalithique
Une nouvelle vague de migration au cours du IVe millénaire av. J.-C. apporta un élan civilisateur, marquant le début de l’âge d’or des temples. La civilisation maltaise construisit vingt-trois sites mégalithiques majeurs, atteignant son apogée au IIIe millénaire av. J.-C. Cette période, appelée le temps des temples, est l’équivalent maltais du temps des cathédrales en France médiévale. La civilisation maltaise se termina brusquement vers -2500 avec les invasions indo-européennes.
Les Temples Mégalithiques de Malte
Les principaux temples mégalithiques de Malte incluent Ggantija, Hagar Qim, Mnajdra, Skorba, Ta-Hagrat et Tarxien, tous édifiés entre le IVe et le IIIe millénaire. Ces constructions nécessitaient de grandes compétences techniques. Les temples présentent différentes phases de construction, avec une architecture évoluant en sophistication. La phase Għar Dalam (-5200) concerne les premiers habitants de l’île, suivie de la phase Skorba (-4500) avec les premières constructions cyclopéennes rudimentaires. La troisième phase, Żebbuġ (-4100), vit l’arrivée d’un second peuple, suivi des phases Mġarr (-3800) et Ġgantija (-3600), marquant l’apparition de temples de plus en plus élaborés. La dernière phase, Tarxien (-2900 à -2500), marque l’apogée du style mégalithique maltais.
Techniques de Construction :
Les temples de Malte, malgré les dégradations, témoignent encore aujourd’hui d’un savoir-faire artistique exceptionnel. Leur architecture, avec des entrées en arche et des toits probables en poutres de bois, montre une maîtrise technique impressionnante. Les absides symétriques à l’intérieur des temples, les jeux de lumière créés par des ouvertures dans les murs, et les alignements avec des phénomènes astronomiques démontrent une compréhension avancée des cycles naturels.
Mystères des Méthodes de Construction :
Les méthodes de construction utilisées par les anciens bâtisseurs restent en grande partie mystérieuses. Les carrières d’extraction de pierres et les sillons taillés dans le sol suggèrent l’utilisation de rails pour transporter les blocs. Cependant, le manque de données sur l’outillage et les techniques d’ingénierie laisse beaucoup de questions sans réponse.
Le Monde des Mégalithes
Le monde des mégalithes s’étendait bien au-delà de Malte. Pendant l’âge d’or de la civilisation maltaise, d’autres régions construisaient également des structures mégalithiques. En Mésopotamie, les Sumériens construisaient des ziggourats à partir de -2500. En Égypte, les premières pyramides furent érigées vers -2600. En Crète, la civilisation minoenne atteignit son apogée vers -2000. Le site de Göbekli Tepe en Turquie, antérieur aux temples maltais, présente des similitudes frappantes.
La Culture Mégalithique en Europe :
Le mégalithisme était également présent en France, en Angleterre, en Irlande, au Danemark, en Espagne, en Corse et en Sardaigne, chaque région développant ses propres styles et techniques. Les migrations successives et les échanges culturels influencèrent l’architecture mégalithique à travers l’Europe et la Méditerranée.
Fonction et Origines des Temples :
La fonction des mégalithes maltais reste spéculative, mais ils étaient probablement des temples à caractère religieux, utilisés pour des rituels sacrés. Les fresques animales suggèrent un culte animiste ou totémique, tandis que les statuettes de déesse mère indiquent un culte de la fécondité et de la régénération de la nature. L’absence de représentations humaines ou de divinités, hormis la déesse mère, suggère que ce peuple n’avait pas encore développé un polythéisme complexe.
Croyances et Astronomie :
Les alignements astronomiques des temples montrent une fascination pour les cycles naturels et le passage du temps. Les temples pourraient également avoir eu une fonction initiatique, mettant en relation les forces mystiques du ciel et de la terre.
Héritage et Influence
La fin de la civilisation mégalithique de Malte ne signifia pas la disparition de ses influences. Les cultures nuragique en Sardaigne, torréenne en Corse, et talayotique aux Baléares, développèrent de nouveaux styles de construction inspirés des mégalithes maltais. Ces cultures postérieures partagèrent certaines caractéristiques architecturales, perpétuant l’héritage des bâtisseurs de Malte.
Conclusion
Malte, malgré son isolement géographique, faisait probablement partie d’une vaste civilisation mégalithique occidentale s’étendant de l’Espagne à l’Angleterre, et de la France à l’Italie. Les invasions indo-européennes mirent fin à cette époque, mais l’héritage des bâtisseurs de Malte continue de fasciner et d’intriguer les chercheurs et les amateurs d’histoire à travers le monde.