L’empire des hittites

L’empire des Hittites est l’un des grands oubliés de l’histoire ancienne. Malgré leur influence majeure sur le Proche-Orient, leur civilisation reste méconnue par rapport à des contemporains comme les Égyptiens ou les Babyloniens. En explorant les origines, l’ascension, la gloire et la chute de cet empire fascinant, on découvre un monde de conquêtes, de rivalités et de traditions qui ont façonné l’Antiquité. Ce résumé détaillé vous emmène dans un voyage à travers le temps pour comprendre comment les Hittites ont bâti un empire durable et puissant, en fusionnant diverses cultures et en s’imposant comme une force incontournable de leur époque.

Les premiers peuples en Anatolie

Alors que la civilisation suméro-akkadienne atteint son apogée en Mésopotamie, de nouveaux peuples s’installent progressivement en Anatolie à partir de 2800 av. J.-C. Parmi eux, le peuple de Hatti, qui s’établit entre 2800 et 2500 av. J.-C., occupe une place centrale. Les Hatti pourraient être autochtones de la région, bien que certaines théories suggèrent une origine commune avec les Sumériens en raison de similitudes linguistiques et culturelles.

Leur culture reste cependant mal connue, les principales sources étant quelques documents akkadiens les mentionnant comme habitants de la région avant l’arrivée des peuples indo-européens. Ils parlaient une langue agglutinante, distincte des autres familles linguistiques, une caractéristique qui les rapproche des Sumériens. Les Hatti établissent des cités fortifiées et développent des cultes religieux centrés sur des divinités locales, dont la déesse soleil d’Arinna, vénérée plus tard par les Hittites.

L’arrivée des Indo-Européens

Entre 2300 et 2000 av. J.-C., l’Anatolie connaît une vague de migrations majeures avec l’arrivée des Hittites, des Palaïtes et des Hourrites, des peuples de culture et de langue indo-européennes venus probablement des steppes pontiques. Ces migrations bouleversent l’équilibre des pouvoirs dans la région et amorcent un brassage de populations qui aboutira à la formation de l’un des plus grands empires de la haute Antiquité.

À cette époque, les Hatti dominent toujours la région, mais leur autorité est peu à peu contestée par le royaume de Kussara, un état émergent que l’on situe généralement en Cappadoce, aux environs du site de Kanesh (également appelé Nesha), une cité commerciale où des colonies marchandes assyriennes prospèrent.

L’ascension du royaume de Kussara

Au XIXe siècle av. J.-C., sous le règne de Pithana, le royaume de Kussara devient une puissance militaire redoutable, coïncidant avec la chute de l’Empire suméro-akkadien et l’ascension des dynasties amorrites en Mésopotamie, notamment celle de Babylone sous Hammurabi. Pithana et son fils Anitta poursuivent une politique expansionniste agressive, soumettant plusieurs cités voisines.

C’est Anitta qui, en 1728 av. J.-C., après un long siège, parvient à conquérir et détruire Hattusa, la capitale des Hatti, mettant un terme définitif à leur dynastie. Il grave alors sur une tablette d’argile une proclamation célèbre où il maudit la cité, affirmant qu’elle ne sera plus jamais habitée. Cependant, cette malédiction ne tiendra pas longtemps, car Hattusa sera bientôt restaurée et deviendra la capitale de l’Empire hittite.

La domination hittite

Au XVIe siècle av. J.-C., les Hittites, désormais unifiés sous la direction de rois ambitieux, étendent leur domination sur toute l’Anatolie centrale. Hattousili Ier, un chef militaire habile, mène de nombreuses campagnes pour consolider son royaume et fait de Hattusa sa capitale officielle. Il se proclame « grand roi du Hatti » et revendique l’héritage du royaume de Kussara.

Son successeur, Moursil Ier, poursuit son œuvre expansionniste en lançant une expédition militaire audacieuse contre Babylone, qu’il parvient à conquérir vers 1595 av. J.-C., mettant fin à la dynastie amorrite. Cependant, son règne est brutalement interrompu par un assassinat, plongeant l’empire dans une période de troubles et de guerres intestines.

La fondation de l’Empire hittite est attribuée à Hattousili Ier, succédant aux rois semi-légendaires Pusarrumas et Labarna Ier. Hattousili, après avoir conquis Hattusa, mène de nombreuses conquêtes militaires. Son petit-fils Moursil Ier conquiert Alep et Babylone, mettant fin à la dynastie amorrite. Cependant, il est assassiné, entraînant une période de troubles et la perte de nombreux territoires.

Sous Télepinu, l’un des derniers rois de l’Ancien Empire hittite, des réformes institutionnelles sont mises en place pour garantir la stabilité dynastique et éviter les luttes de succession. Il promulgue un édit précisant les règles de transmission du pouvoir, une initiative qui aura une influence durable. Cependant, malgré ces efforts, l’Empire hittite s’effondre autour de 1500 av. J.-C., sous la pression de l’Empire du Mitanni, un royaume puissant dirigé par les Hourrites, qui prend le contrôle de vastes territoires hittites.

Le nouvel Empire hittite

La renaissance de l’Empire hittite débute avec Tudhaliya Ier vers 1430 av. J.-C., mais c’est sous Suppiluliuma Ier (vers 1350 av. J.-C.) que l’empire atteint son apogée. Ce souverain énergique entreprend une série de campagnes victorieuses en Syrie, soumettant les cités d’Alep, d’Ougarit et de Qadesh. Il affaiblit aussi l’Empire du Mitanni, déjà menacé par l’expansion assyrienne. Son règne marque le début d’une politique diplomatique active, qui culminera avec des mariages entre princesses hittites et souverains étrangers.

Le point culminant de la rivalité entre l’Empire hittite et l’Égypte se produit en 1274 av. J.-C., lors de la célèbre bataille de Kadesh, opposant le pharaon Ramsès II au roi hittite Muwatalli II. Bien que la bataille soit souvent revendiquée comme une victoire par les deux camps, elle se solde par un statu quo stratégique. En 1259 av. J.-C., un traité de paix est signé entre Hattushili III et Ramsès II, marquant l’un des premiers traités internationaux connus.

La chute de l’Empire hittite

Au XIIIe siècle av. J.-C., l’Empire hittite est confronté à de nombreuses menaces, notamment les incursions des Peuples de la mer et des tensions internes. Suppiluliuma II, le dernier grand roi hittite, tente de résister, mais son règne est marqué par des famines, des guerres civiles et des invasions. Vers 1190 av. J.-C., Hattusa est incendiée et abandonnée, scellant la disparition de l’Empire hittite. Les Hittites cessent alors d’exister en tant qu’entité politique unifiée, bien que des groupes hittites subsisteront en Syrie sous forme de petits royaumes néo-hittites.

Hattusa, avec ses fortifications impressionnantes, ses temples monumentaux et son urbanisme avancé, incarne la grandeur de l’Empire hittite. La ville abritait les archives royales, où furent découvertes des tablettes en écriture cunéiforme relatant l’histoire et l’administration de l’empire. La religion y occupait une place centrale, et le panthéon hittite absorbait progressivement les divinités des peuples conquis, facilitant ainsi l’intégration des cultures locales.

L’héritage des Hittites

Bien que leur empire ait disparu, les Hittites ont laissé une empreinte durable sur les civilisations qui leur ont succédé. Leur organisation politique, leur diplomatie et leurs traditions religieuses ont influencé les peuples du Proche-Orient ancien. Leur chute marque la transition de l’âge du bronze à l’âge du fer, amorçant une nouvelle ère dans l’histoire des civilisations.

L’Empire hittite, bien que méconnu du grand public, a joué un rôle majeur dans l’histoire du Proche-Orient. À travers leurs interactions avec les Sumériens, les Akkadiens, les Égyptiens et d’autres peuples, ils ont contribué à façonner le destin de la région. Leur héritage mérite d’être étudié et reconnu comme un jalon essentiel de l’Antiquité.

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