Aujourd’hui, nous allons plonger au cœur des traditions ésotériques japonaises. Nous allons parler de l’Onmyodo : la Voie du Yin et du Yang. Il s’agit d’un système complexe de sciences occultes et de divination basé sur la philosophie chinoise des 5 éléments.
Les pratiquants de cet art sont appelés les « Onmyôji », et on peut les comparer à nos mages ou sorciers en Occident. Bien que le sujet reste très méconnu en Occident, en réalité, vous avez tous déjà observé certains éléments de cette tradition via les œuvres de fiction japonaise, par exemple : Tokyo-Babylone, Onmyoji celui qui parle aux démons, ou encore Ghost Hunt et XXXHolic, etc…
Je vous invite donc à explorer les mystères de l’ésotérisme du Japon, son histoire, son fonctionnement, ses rites, et son système de croyances…
L’Onmyodo est défini comme une « cosmologie ésotérique traditionnelle spécifique au Japon ». En ce sens, l’Onmyodo est un habile syncrétisme entre l’étude des sciences naturelles et des sciences occultes ou magiques. La discipline comprend l’observation des phénomènes de la nature, l’astrologie (ou l’étude des astres), la géobiologie (ou l’étude des énergies de la terre), ainsi que la lecture des augures (favorables ou défavorables), l’établissement du calendrier et l’estimation du temps.
Dans son aspect opératif, l’adepte de l’Onmyodo pratique les rites d’exorcisme, de purification et de bénédiction. Ces adeptes dialoguent avec les divinités et les esprits, mais pratiquent également l’invocation, voire même la création d’entités spirituelles, comme les Shikigami (sorte d’équivalent de nos familiers en Occident).
Pour résumer, l’Onmyodo est un ensemble de pratiques magiques et divinatoires utilisant de nombreux outils et rituels. Voici quelques exemples :
• Les Ofuda : des talismans magiques
• Les Hitogata : sortes de poupées magiques en papier
• Des Mudra : des gestes symboliques avec les doigts
• Des Kotodama : des mots de pouvoir
Pour comprendre l’Onmyodo, Il est impératif de présenter le système de croyances complexe des Japonais et les influences chinoises qui l’ont nourri…
Le contexte religieux du Japon :
À l’origine, le Japon possède une religion de type animiste ou chamanique, disposant d’un large panthéon de divinités (les Kami) et de créatures surnaturelles que l’on nomme Yokai. Pour désigner ce système de croyances, on parle de shintoïsme.
Mais attention : ce système religieux n’est pas resté figé dans le temps. Il s’est progressivement enrichi via des éléments extérieurs, notamment du taoïsme chinois entre le 5ᵉ et le 7ᵉ siècle, et il continue d’évoluer jusqu’à nos jours.
Ensuite, une religion concurrente, le bouddhisme, est arrivée sur l’archipel au cours du 6ᵉ siècle, touchant principalement l’aristocratie dans un premier temps. Notons qu’il existe plusieurs formes de bouddhisme pratiquées au Japon : notamment le bouddhisme ésotérique de l’école Shingon, qui prend naissance au 9ᵉ siècle, ou encore le bouddhisme Zen, introduit à partir du 12ᵉ siècle.
Au Japon, contrairement à l’Europe :
Il n’y a pas eu réellement de guerre religieuse entre le shintoïsme et le bouddhisme. Au contraire, les deux systèmes se sont influencés, voire même mélangés entre eux. Cela va aboutir au « shinbutsu shūgō », le syncrétisme des kamis et bouddhas.
Revenons à notre sujet : si ces deux religions ont cohabité, chacune dispose d’un versant ésotérique ou « occulte ». Pour le bouddhisme, on parlera du Mikkyo (qui se traduit par enseignement ésotérique), et pour le shintô, on parlera de l’Onmyodo, la voie du Yin et du Yang, qui est profondément influencée par le taoïsme et le confucianisme chinois, mais emprunte également certains éléments au bouddhisme ésotérique Mikkyo. Notons encore qu’il existe une troisième tradition ésotérique, le « Shugendo », qui se situe entre le bouddhisme et le shintoïsme.
Donc, pour faire simple :
L’Onmyodo est un système ésotérique complet comprenant des sciences occultes, lié à la religion ancestrale du Japon comme base, mais nourri au fil du temps par le taoïsme, le confucianisme et le bouddhisme.
De nos jours, les Onmyōji sont considérés comme des prêtres shintô, et l’Onmyodo est ainsi une branche à part entière du shintoïsme. Cependant, une bonne partie des pratiques de l’Onmyodo ne se retrouve pas dans le shintoïsme classique.
Maintenant que nous avons présenté le contexte religieux japonais et les influences chinoises, voyons plus en détail les origines de l’Onmyodo et sa place dans la société antique japonaise.
Les Origines de l’Onmyōdō :
Bien que l’Onmyodo soit une spécificité purement japonaise, il est né d’éléments majoritairement chinois, notamment le concept du Yin et du Yang (appelé In-Yo au Japon), ainsi que la cosmologie « Wuxing » des cinq éléments : feu, eau, bois, métal et terre. Ces concepts issus du taoïsme furent introduits au Japon au cours du 6ᵉ siècle et ont progressivement fusionné avec les traditions locales. Mais notons tout de même que ces éléments sont exploités de façon différente par rapport au taoïsme chinois.
Auparavant, il existait déjà des pratiques magiques et divinatoires dans le chamanisme japonais de la période Yayoi (la protohistoire), cependant l’absence de sources écrites avant le 5ᵉ siècle ne nous permet pas d’en faire une étude précise.
L’Onmyodo en tant que tel n’apparaît véritablement qu’au 7ᵉ et 8ᵉ siècles de notre ère. C’est à ce moment que l’État japonais instaure des règles pour institutionnaliser ces pratiques dans les « Ritsuryō » (les systèmes de lois du Japon antique, eux-mêmes basés sur le modèle confucéen).
À ce stade, l’Onmyodo est placé sous l’autorité de l’Onmyô-ryô (le Bureau des Affaires du Yin et du Yang) au sein de l’administration impériale. Ce bureau est chargé de superviser les pratiques divinatoires, les observations astrologiques et l’établissement des calendriers. Il encadre aussi la pratique de la magie et de la médecine, qui ne sont pas encore spécifiquement séparées à cette époque.
De plus, le clergé bouddhiste s’est vu interdire la pratique de l’astrologie et de la cartomancie. Par conséquent, les « onmyôji » sous contrôle du gouvernement deviennent les seuls à exercer ces pratiques, détenant ainsi un monopole et une grande influence au sein de la cour impériale. Il ne faut pas oublier que le bouddhisme était une religion étrangère et que certains aristocrates cherchaient à limiter son influence, un aspect que l’on retrouve également dans le domaine de l’ésotérisme.
À partir du 8ᵉ siècle, le métier d’Onmyōji apparaît dans l’administration japonaise, et ses adeptes deviennent des fonctionnaires. Si l’on osait la comparaison, on pourrait dire que ce sont les mages ou sorciers au service de l’État japonais. À ce stade, le Bureau des Affaires du Yin et du Yang (ou Onmyô-ryô) est lui-même conçu comme un département du ministère des Affaires centrales.
À sa tête se trouve le « Onmyo no kami » : le directeur qui supervise le calendrier et les célébrations. C’est lui qui compile toutes les observations astronomiques pour la divination. Ensuite, on trouve toute une armée de fonctionnaires : des secrétaires, des scribes, des juges, des docteurs en théologie, des astronomes, des médecins, et les Onmyoji à proprement parler (titre que l’on peut traduire par « les maîtres du Yin et du Yang »). Viennent ensuite les étudiants encadrés par l’Onmyô-ryô.
Il est intéressant de constater cette curiosité japonaise qui a inclus « les sciences occultes » au cœur de son administration. Cela dit, il faut bien reconnaître que c’est une excellente méthode pour les contrôler et limiter les dérives de magiciens douteux.
Allons maintenant plus loin et suivons l’histoire de l’Onmyodo, de son âge d’or à son déclin, jusqu’à sa renaissance dans les temps modernes…
Histoire de l’Onmyodo :
À partir de la période Heian (entre 794 et 1185), on observe la montée en puissance de la famille Fujiwara, qui prend le contrôle du Bureau de l’Onmyodo. Ils contrôlent ainsi le domaine de la divination et des arts magiques au sein de la cour impériale, ce qui leur accorde une position très favorable.
À ce stade, l’Onmyodo est rattachée plus spécifiquement au culte shintô, et des sanctuaires ont à leur tête des Onmyoji. Parmi ces sanctuaires, on peut citer le Seimei-jinja à Kyoto et le Goryô-jinja à Kamakura.
Le Bureau des Affaires du Yin et du Yang et les Onmyoji, sous le contrôle de la famille Fujiwara, occupent des postes importants à la cour impériale, conseillant l’empereur sur des questions politiques, militaires et rituelles. Leur mission consiste également à prévoir les catastrophes, protéger la famille impériale et le Japon des mauvais esprits via des rites d’exorcisme, et calculer les dates et lieux favorables ou défavorables pour les événements importants, tels que le déclenchement d’une guerre ou l’édification d’un monument.
On constate également une évolution des pratiques, avec l’ajout de nouvelles sciences occultes, telles que :
• Le Feng Shui : des règles de géomancie ou géobiologie visant à établir l’harmonie entre les énergies du Yin et du Yang et les cinq éléments
• La Médecine Shinkyu : dérivée de la médecine traditionnelle chinoise
• Le Sukuyôdô : basé sur l’astrologie indienne et chinoise
Il est important de comprendre que l’Onmyodo constitue un ensemble de sciences occultes articulé autour d’une cosmologie ésotérique. De ce fait, ses pratiques sont évolutives et se sont enrichies au fil du temps et des influences, de la même façon que l’ésotérisme chrétien s’est enrichi d’éléments issus de la kabbale ou de l’hermétisme.
Chronologiquement, les 10ᵉ et 11ᵉ siècles représentent l’âge d’or de l’Onmyodo. La discipline se répand massivement dans l’archipel, et l’on trouve des Onmyoji indépendants qui vendent leurs services de divination, d’exorcisme ou de magie en dehors de la juridiction du Bureau des Affaires du Yin et du Yang.
Cependant, la documentation sur les adeptes de l’Onmyōdō est relativement limitée en raison du caractère secret de la discipline. Pourtant, certains Onmyoji de la période Heian ont laissé leur nom dans l’histoire :
• Kamo no Yasunori : Il fut l’Onmyoji officiel de la cour impériale, et la légende raconte que, dès son enfance, il avait la capacité de voir les esprits. Son père était Onmyoji avant lui, et l’on constate que ce métier se transmet de père en fils, formant de véritables clans d’Onmyoji.
• Abe No Seimei : L’un des élèves de Yasunori, il devient encore plus célèbre. Ses talents en Onmyodo sont si réputés qu’ils sont souvent entourés de légendes et de mythes. On dit qu’il avait le pouvoir de voir les esprits et de communiquer avec eux sans invocation magique. Abe no Seimei était réputé pour sa maîtrise de l’astrologie, de la divination et de l’exorcisme. Sa sagesse et son influence ont laissé une empreinte indélébile sur l’Onmyōdō et ont inspiré de nombreux praticiens ultérieurs. Abe no Seimei est également devenu un personnage populaire dans la culture japonaise, apparaissant fréquemment dans la littérature, les films, les jeux vidéo et d’autres médias.
À noter que l’empereur Ichijō fit édifier un sanctuaire en 1007 (le Seimei-jinja à Kyoto) en mémoire d’Abe No Seimei, sur l’emplacement de sa maison. Un festival (le Seimei matsuri) a lieu chaque année en mémoire du grand Onmyoji lors de l’équinoxe d’automne.
Hors de la juridiction du Bureau des Affaires du Yin et du Yang, on peut également citer Doma Hoshi, considéré comme le plus grand rival d’Abe No Seimei de son époque. De nombreuses légendes relatent les duels magiques entre les deux hommes à l’aide de Shikigami.
On trouve ensuite :
• Abe no Masahiro : Fils d’Abe no Seimei, il a hérité des connaissances et des compétences de son père, devenant lui-même un Onmyoji accompli. Le clan Abe a dominé la discipline pendant plusieurs siècles.
• Fujiwara no Yasumasa : Un Onmyoji célèbre pour sa maîtrise de la musique et de la danse, en plus de ses compétences en Onmyodo. Il était réputé pour sa voix mélodieuse, capable de calmer les esprits vengeurs. D’après les légendes, Yasumasa utilisait son talent artistique pour accompagner les rituels et favoriser l’harmonie spirituelle au sein de la cour impériale. Ce personnage a été notamment représenté par le dernier grand maître de l’estampe japonaise, Yoshitoshi, dans une œuvre où Fujiwara no Yasumasa joue de la flûte au clair de lune, dans un état d’harmonie et de calme malgré la présence d’un brigand tentant de l’assassiner.
À partir du 12ᵉ siècle, l’âge d’or des Onmyoji est révolu, pour plusieurs raisons :
1. Le déclin de la famille impériale : Le pouvoir passe au clan guerrier des samouraïs pendant la période Kamakura, et l’Onmyodo partage ce déclin.
2. La diffusion massive de nouvelles formes de spiritualité, notamment le bouddhisme Zen, qui touche particulièrement la classe des samouraïs, et le bouddhisme amidisme, qui se répand dans la population. Ces deux traditions n’ayant pas de pratiques occultes spécifiques, la présence des Onmyoji diminue dans la société japonaise.
Cependant, de nombreux Onmyoji arpentent encore les campagnes pour vendre leurs services de divination, d’exorcisme ou d’autres pratiques magiques. Le folklore populaire étant bien enraciné, les demandes de rites d’exorcisme et de purification restent fréquentes dans les villages.
Le déclin de l’Onmyodo se situe surtout au niveau de l’aristocratie, entraînant la perte de monopole du Bureau des Affaires du Yin et du Yang, davantage que celle des Onmyoji itinérants.
Pendant l’ère Edo (1603 – 1868) :
L’âge d’or de l’Onmyodo est définitivement passé, tandis que d’autres formes de spiritualité et de pratiques occultes gagnent en popularité auprès de la population, notamment le Mikkyo (bouddhisme ésotérique) et le Shugendo des Yamabushi. Cependant, ces trois disciplines se sont mutuellement influencées au fil des siècles, partageant de nombreuses croyances communes et même des rites identiques.
Quant à l’Onmyodo d’État, il est relégué à un rôle marginal, alors que le pays est dominé par la classe des samouraïs, majoritairement bouddhistes. Pendant les trois siècles de domination des Shogun Tokugawa, ces derniers tentent d’encadrer les pratiques de l’Onmyodo en plaçant cette discipline sous le contrôle de la famille Tsuchimikado, eux-mêmes descendants de la famille Fujiwara, qui avait jadis fait de l’Onmyodo une arme d’influence majeure.
Néanmoins, malgré ce patronage, au 19ᵉ siècle, l’Onmyodo est de plus en plus considéré comme une superstition, et ses adeptes comme des charlatans que le gouvernement tente d’éradiquer. Ainsi, lors de la révolution Meiji de 1868, la profession d’Onmyoji et la pratique de l’Onmyodo sont tout bonnement proscrites en 1870 par « l’Ordonnance de Tensha ».
Cette période est marquée par l’émergence du nationalisme japonais et l’imposition d’un shintoïsme d’État, qui tente de limiter l’influence du bouddhisme, du Shugendo et de l’Onmyodo, considérés comme des superstitions arriérées. Le Japon entre alors dans la course à la modernité, cherchant à copier les modèles occidentaux. On peut comparer la situation de l’Onmyodo au traitement réservé à la sorcellerie des campagnes et aux superstitions populaires en Europe à la fin du 19ᵉ siècle.
Faisons maintenant une pause dans la chronologie historique pour explorer les croyances au cœur de l’Onmyodo, soit sa cosmologie ésotérique…
Les croyances de l’Onmyōdō :
Les croyances de l’Onmyōdō s’appuient sur le système shintoïste, dans lequel il existe un monde visible (le Ningenkai), celui de la matière où nous pouvons interagir, et plusieurs mondes invisibles :
• pour les fantômes (le Yukai),
• pour les esprits (le Reikai),
• mais aussi celui des divinités (le Shinkai).
Toujours selon le shintoïsme, chaque individu possède un esprit d’essence divine (Naohinomitama) et une âme, elle-même divisée en quatre couches que l’on peut définir ainsi :
• l’âme sauvage ou animale (Ara-mitama),
• l’âme d’harmonie (Nigi-mitama),
• l’âme de joyaux (Saki-mitama),
• et enfin, l’âme magique (Kushi-mitama).
Conception taoïste des énergies :
On retrouve dans l’Onmyōdō la conception taoïste des énergies, avec le « Tao, Do ou la Voie », qui représente l’état d’harmonie entre toutes les énergies de la création, l’union de l’individu avec le cosmos et les divinités. Le Tao n’est pas un Dieu à proprement parler, mais plutôt la source originelle de toute chose, dans le sens d’une potentialité d’harmonie.
Le monde des énergies se divise ensuite en deux polarités :
• Le Yin et le Yang (ou In-Yo en japonais) : ces deux forces antagonistes et complémentaires existent dans l’univers et en toutes choses.
• Le Yin et le Yang sont souvent simplifiés en notions de bien et de mal, bien que cela reste très limité. En réalité, ce principe dualiste régit toutes les constituantes du monde visible et invisible : jour/nuit, homme/femme, chaud/froid, etc.
L’équilibre entre ces deux forces est essentiel pour maintenir l’harmonie et la prospérité, conduisant à l’union avec le Tao. Les Onmyōji utilisent leur connaissance du Yin et du Yang pour interpréter les influences cosmiques et les appliquer dans leurs pratiques divinatoires et magiques. Ils cherchent à maîtriser l’équilibre complexe de cette puissance invisible pour produire des effets, comprendre et anticiper des événements.
Les Cinq Éléments :
Toujours fondé sur les concepts taoïstes, l’Onmyōdō inclut les Cinq Éléments (ou cinq phases) : le bois, le feu, la terre, le métal et l’eau. Chaque élément représente des énergies spécifiques et est associé à des directions, des couleurs, des organes, des saisons et des aspects de la vie quotidienne.
Exemples :
• Le Bois : associé au foie, à Jupiter, au printemps, à l’Est, et au jeudi.
• Le Feu : associé au cœur, à Mars, à l’été, au Sud, et au mardi.
• La Terre : associée à la rate, à Saturne, au centre et aux intersaisons, avec pour jour le samedi.
• Le Métal : associé aux poumons, à Vénus, à l’automne, à l’Ouest, et au vendredi.
• L’Eau : associée aux reins, à Mercure, à l’hiver, au Nord, et au mercredi.
Quant au lundi (Getsuyoubi) et au dimanche (Nichiyoubi), comme en Occident, ils sont associés à la Lune et au Soleil, pouvant être assimilés au Yin et au Yang.
Les Onmyōji étudient et utilisent ces éléments dans leurs rituels pour harmoniser les énergies et apporter des changements bénéfiques. L’un de leurs usages les plus connus est celui de la médecine, où, par diverses méthodes, les Onmyoji stimulent ou canalisent un élément en fonction des déséquilibres énergétiques du corps. Ces éléments servent également à choisir les moments propices pour les rituels et les pratiques astrologiques.
Résumé de leur fonctionnement :
• L’eau nourrit le Bois, qui nourrit le Feu, qui nourrit la Terre, qui nourrit le Métal, qui nourrit l’Eau… C’est le cycle de naissance et de stimulation.
• À l’inverse, l’eau contrôle le Feu, qui contrôle le Métal, qui contrôle le Bois, qui contrôle la Terre, qui contrôle l’Eau… C’est le cycle de canalisation ou de conquête.
Cette mécanique est identique à celle de la médecine chinoise, reposant sur les concepts taoïstes.
Tenmon-do et Sukuyôdô :
Le Tenmon-do et le Sukuyôdô représentent l’observation des phénomènes célestes pour prévoir les événements dans le cadre de la divination, autrement dit l’astrologie et l’astronomie. La plupart des concepts sont issus du bouddhisme, mais retravaillés en intégrant la lecture des cinq éléments chinois. On retrouve aussi un système zodiacal directement inspiré du modèle chinois. Les douze signes japonais sont : le Rat, le Buffle, le Tigre, le Lapin, le Dragon, le Serpent, le Cheval, le Mouton, le Singe, le Coq, le Chien et le Sanglier.
L’Onmyodo met aussi l’accent sur les 28 maisons lunaires et accorde une place de premier plan aux sept étoiles de la Grande Ourse, appelée « Hokuto ».
Le Rekido (science du calendrier) :
Le Rekido permet de définir les jours fastes et néfastes, ainsi que le moment où les fêtes religieuses et les purifications doivent avoir lieu, toujours en lien avec la lecture des énergies et du mouvement des astres.
Les esprits et divinités dans l’Onmyōdō :
Toujours dans le cadre de la cosmologie, les Onmyōji croient en l’existence d’esprits et de divinités. Ces derniers habitent le monde invisible Shinkai, mais se manifestent dans le monde matériel et influencent les événements et la destinée des individus. Les Onmyoji vénèrent ces esprits à travers des rituels spécifiques, cherchant leur assistance et leur protection.
De ce fait, les adeptes de l’Onmyodo agissent comme des intermédiaires entre les humains et les forces spirituelles, à la façon des chamans ou des prêtres, pour entrer en contact avec les esprits et obtenir des réponses à leurs questions, qu’elles soient individuelles ou collectives.
Le panthéon de l’Onmyodo :
L’une des principales particularités est que l’Onmyodo possède son propre panthéon. Bien que largement inspiré du shintoïsme, il emprunte également des figures au bouddhisme et au taoïsme, les fusionnant par syncrétisme. Il n’est donc pas rare de trouver plusieurs noms pour une même divinité.
Voici quelques exemples de divinités dans l’Onmyodo :
• Taizanfu-kun : Une divinité d’origine taoïste, considérée comme le dieu suprême des enfers. Les Onmyoji pensent qu’il gouverne la durée de vie des êtres humains et leur rôle dans la vie. Il est assimilé à Enma, le roi des enfers du bouddhisme japonais. Cette divinité occupait une place particulière pour le célèbre Onmyoji Abe No Seimei, qui a composé de nombreux rituels en lien avec elle.
Il existe aussi de nombreuses familles de dieux au sein de l’Onmyodo, par exemple :
• Les huit généraux ou dieux des crocs (Hachisojin) : Ils gouvernent les huit directions en lien avec les étoiles et les constellations.
• Les Douze généraux célestes (Jutensho) : Associés aux éléments, ils sont utilisés dans le cadre de la divination.
On trouve également les quatre bêtes spirituelles (Shijin) :
• Suzaku, l’oiseau vermillon ou le phénix du sud, pour l’élément feu ;
• Seiryu, le dragon azur à l’est, pour l’élément bois ;
• Genbu, le serpent-tortue de couleur noire au nord, associé à l’élément eau ;
• Byakko, le tigre blanc gardien de l’ouest, associé au métal.
Il existe en réalité un cinquième : le Kirin, qui règne sur le centre et porte l’élément de la Terre.
Parmi d’autres divinités liées aux éléments, on trouve :
• Dokōjin : le dieu de la terre
• Raijin : le dieu du tonnerre
• Fujin : le dieu du vent
• Ryujin : le dragon de l’eau
En plus des innombrables divinités, les Onmyoji interagissent également avec les Yokai (esprits) et les Yurei (fantômes), soit pour les utiliser, soit pour les exorciser.
Synthèse des croyances de l’Onmyodo :
L’objectif des adeptes est de comprendre le fonctionnement du cosmos et les esprits ou divinités qui l’animent. Cette compréhension repose sur la mécanique cosmologique des deux forces « Yin et Yang » et des « cinq phases » ou éléments présents en toute chose. L’Onmyoji cherche à contrôler ces forces pour prévoir les événements, empêcher les catastrophes ou influencer le destin.
Dans la partie suivante, nous allons observer les principaux rites et outils occultes.
Les rites et les pratiques de l’Onmyōdō :
Au-delà des aspects religieux et de la cosmologie, l’Onmyodo reste avant tout un ensemble de pratiques occultes. En ce sens, ses adeptes sont beaucoup plus proches des mages et astrologues de la Renaissance que des prêtres de la religion chrétienne.
Parmi les pratiques les plus importantes, nous trouvons la divination :
• C’est sans aucun doute l’activité fondamentale de l’Onmyōdō. Les Onmyōji utilisent diverses méthodes de divination telles que l’astrologie, la chiromancie, la cartomancie et la lecture des signes ou augures pour obtenir des informations sur l’avenir, résoudre des problèmes et guider leurs décisions.
• Pour cela, les Onmyōji utilisent divers outils comme les baguettes de divination, les cartes et l’observation des astres pour prédire l’avenir, évaluer la chance et prendre des décisions.
Nous trouvons ensuite la géomancie :
Bien que ce terme soit lié à la divination, il s’agit ici de la science des énergies de la terre, des éléments et de l’orientation ; le terme géobiologie serait peut-être plus adapté.
• Appelée « Feng Shui » en chinois, cette pratique vise à harmoniser les énergies d’un lieu, d’une habitation ou d’une célébration.
• Les Onmyōji analysent la configuration spatiale et utilisent des outils tels que les boussoles et les cartes pour déterminer les emplacements favorables et défavorables.
• Ils apportent des ajustements dans la disposition des objets et des structures pour favoriser l’équilibre énergétique et la prospérité, mais aussi pour éviter les catastrophes.
Une autre activité fondamentale des Onmyoji consiste à effectuer des rituels de protection, de purification et d’exorcisme :
• Les Onmyōji réalisent des rituels de protection pour éloigner les influences négatives, les esprits malveillants ou les fantômes.
• Pour cela, ils utilisent des incantations (mantra), des gestes magiques (mudra) et des amulettes (Ofuda) pour créer des barrières spirituelles et protéger les individus et les lieux des énergies indésirables.
• Les rituels d’exorcisme sont également pratiqués pour éliminer les esprits, fantômes ou énergies négatives qui peuvent causer des troubles ou des maladies.
Dans le même esprit, nous trouvons les rituels de bénédiction :
• Les Onmyōji sont sollicités pour effectuer des bénédictions. Cela peut inclure la bénédiction des foyers, des commerces ou des projets de construction, ainsi que la purification des personnes via des amulettes et talismans.
• Les rituels de bénédiction visent toujours à attirer les influences positives des divinités et à favoriser la prospérité.
Les Onmyoji pratiquent également des rituels saisonniers :
• L’Onmyōdō est lié à un calendrier spécifique basé sur les énergies cosmiques et les mouvements célestes. Ainsi, les Onmyōji observent des rituels saisonniers, tels que les cérémonies du solstice et de l’équinoxe, pour marquer les transitions énergétiques et favoriser l’harmonie avec les cycles naturels.
Dans tous les rites de l’Onmyodo :
Il y a une mise en relation avec les forces de l’invisible, ou des invocations si vous préférez. On parle alors de rituel d’ouverture, ce qui permet de créer une passerelle vers le monde spirituel. En ce sens, les Onmyoji sont les gardiens du portail.
Les Onmyoji peuvent utiliser les esprits pour des objectifs extrêmement variés, et il convient de rappeler que l’Onmyōdō n’est pas seulement une pratique individuelle, mais aussi un service à la communauté, de la même façon que les prêtres des diverses religions.
Néanmoins, certains Onmyoji qui ne travaillaient pas pour le Bureau des Affaires du Yin et du Yang pouvaient utiliser leurs pouvoirs de manière très différente, suivant les demandes de leurs clients ou leurs objectifs personnels.
Ainsi, si l’on osait la comparaison :
L’Onmyodo serait à la fois une magie blanche (qui apporte protection, bénédiction et harmonie), mais aussi une magie noire (pouvant provoquer des calamités, la maladie, la mort ou simplement le déséquilibre).
L’invocation des Shikigami :
L’une des pratiques les plus puissantes de l’Onmyodo est l’invocation des Shikigami. Il s’agit d’entités spirituelles ou de formes-pensées artificielles, créées par l’Onmyoji pour accomplir diverses actions. Les Shikigami sont des serviteurs invisibles, comme les familiers en Occident, et ils obéissent à la moindre volonté de leur maître jusqu’à ce que leur objectif soit rempli.
Ils peuvent prendre n’importe quelle forme, posséder des individus, apparaître ou disparaître à volonté, provoquer la maladie, la mort ou offrir une protection selon les objectifs. L’art des Shikigami appartient au domaine de la magie évocatoire.
Les Hitogata :
Un autre outil très fréquent dans l’Onmyodo est l’Hitogata. Il s’agit de petites poupées de papier ou de paille en forme humaine. Les objectifs varient : sortilège d’amour, de malédiction ou de chance. Les Hitogata fonctionnent de la même manière que les poupées vaudou ou les dagydes ; elles permettent de créer un lien magique avec une personne pour transférer des effets magiques de l’une à l’autre.
Par exemple :
Pour transférer une maladie qui touche une personne à la poupée, ou plus négativement, pour envoûter la victime.
Résumé des activités occultes des Onmyoji :
Ces rituels et pratiques représentent une petite partie de l’éventail des activités occultes des Onmyōji. Chaque rituel est minutieusement exécuté selon des protocoles précis, avec l’usage de gestes et de mots sacrés transmis de génération en génération dans les familles d’Onmyoji.
Il convient de noter que les rites de l’Onmyodo ne sont pas spécifiquement pratiqués dans des temples ou sanctuaires. En général, les lieux de prédilection des Onmyoji se trouvent dans la nature, en montagne, près d’une rivière ou d’une source, etc.
On retrouve ici le lien avec les éléments de la nature et une conception animiste du monde.
De nos jours :
Bien que l’Onmyōdō ait évolué avec le temps et ait été influencé par d’autres traditions ésotériques (notamment certaines pratiques occidentales), il continue d’exister au Japon et a même repris de la vigueur.
Voyons justement ce qu’il est devenu après son interdiction à la fin du 19ᵉ siècle dans le Japon moderne…
L’Onmyōdō dans la culture :
Il a fallu attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour que l’Onmyodo sorte de l’ombre et que sa pratique redevienne légale, bien que ce ne soit qu’en 2006 que l’édit d’interdiction a été officiellement aboli. Cependant, il est important de noter qu’il n’y a jamais eu d’équivalent de l’Inquisition au Japon, et les adeptes de l’Onmyodo n’ont jamais fini sur le bûcher.
De nos jours :
L’Onmyodo jouit d’un regain de popularité, notamment en raison des œuvres de fiction qui le mettent en scène. En ce sens, on peut comparer la renaissance de l’Onmyodo à celle de la Wicca en Occident, qui se présente comme une renaissance des anciennes pratiques de sorcellerie des campagnes, bien que les deux systèmes n’aient rien en commun.
Aujourd’hui, des Onmyōji modernes pratiquent encore les arts divinatoires, l’astrologie, la géomancie, les exorcismes, les rituels de purification et toutes sortes d’activités magiques. Les praticiens de l’Onmyōdō peuvent être consultés pour des questions liées à la divination, à la protection, à l’amour, à la guérison, à la recherche d’harmonie dans la vie, à l’exorcisme, ou parfois pour des raisons plus obscures.
Au-delà des praticiens :
L’Onmyodo est également devenu un domaine d’étude anthropologique dans le cadre des spiritualités traditionnelles du Japon. En ce sens, l’Onmyodo constitue un héritage des anciennes croyances et des rites japonais qui existaient il y a plus de 1 300 ans.
Dans le cadre culturel :
L’Onmyodo est encore présent dans la société japonaise à travers des sanctuaires (comme le Seimei Jinga), certains festivals (ou Matsuri), mais aussi dans les œuvres de la culture japonaise, notamment la littérature, les mangas, les animes et les jeux vidéo. Des figures inspirées des anciens Onmyoji, dotés de pouvoirs surnaturels, sont devenues des archétypes populaires dans la fiction japonaise.
Exemples :
• Le film « Onmyôji », tiré de la série de nouvelles du même nom, présente une histoire fictive basée sur la vie de Abe no Seimei, ce qui a ensuite inspiré une adaptation en manga portant le même titre, ainsi qu’une adaptation chinoise sous le nom de Yin-Yang Master.
• Dans le jeu vidéo « Final Fantasy Tactics » sur PlayStation, il existe une classe de personnages appelée Onmyoji, capables d’utiliser la Magie du Yin et du Yang pour infliger des altérations d’état telles que l’aveuglement, la paralysie et le sommeil à leurs ennemis.
Cependant, les Onmyoji sont sans conteste les plus représentés dans le domaine du manga, en particulier dans les œuvres du studio CLAMP, un collectif féminin de mangaka.
• Dans X1999 et Tokyo Babylon, on trouve le personnage de Subaru Sumeragi, un Onmyōji chargé de protéger le Japon moderne contre les malédictions et les esprits vengeurs. Un autre personnage, Seishirô Sakurazuka, incarne une version maléfique de Subaru.
• Toujours chez CLAMP, on trouve de nombreuses références à l’Onmyodo dans le manga « XXX Holic ». L’histoire suit le personnage de Kimihiro Watanuki, un adolescent capable de voir les esprits du monde surnaturel. Dans le récit, Yuko Ichihara (la sorcière des dimensions) possède tous les traits d’une adepte de l’Onmyodo. Elle utilise ses connaissances et sa magie pour aider Watanuki à naviguer dans cet univers surnaturel du folklore japonais.
• Le studio CLAMP n’hésite pas à faire du syncrétisme entre l’Onmyodo japonais et l’ésotérisme occidental : c’est notamment le cas de « Kādokyaputā Sakura » (ou Sakura, chasseuse de cartes en français), où le Grand Mage Clow Reed est à la fois un kabbaliste et un Onmyoji.
Il existe encore des dizaines d’œuvres où l’Onmyodo est mis en scène, avec des références plus ou moins directes :
• Shônen Onmyôji : qui relate la vie du petit-fils d’Abe no Seimei et sa quête pour devenir Onmyōji à son tour.
• Onmyoji, Celui qui parle aux démons : où le héros est le jeune Abe No Seimei, arpentant le chemin des arts ésotériques.
• Enfin, Ghost Hunt : où l’Onmyodo est mis en scène à l’ère contemporaine. L’héroïne y apprend les arts de l’exorcisme et de la purification sous la houlette d’un Onmyoji.
À noter : dans les œuvres de fiction, il est parfois difficile pour les Occidentaux de différencier l’ésotérisme bouddhiste « Mikkyo », le « Shugendo » et « l’Onmyodo ». Mais dans l’absolu, cela revient au même problème que de séparer la Kabbale, l’hermétisme et l’alchimie en Occident. L’Onmyodo est seulement l’un des visages des sciences occultes japonaises. Il s’est forgé grâce au syncrétisme permanent, ce qui en fait une tradition bien vivante et pas seulement une ancienne superstition poussiéreuse.
Bien sûr, comme à l’accoutumée, il ne m’appartient pas de juger de la pertinence ou non de ces pratiques.
Mon travail consiste seulement à ouvrir tout un pan de la culture japonaise particulièrement méconnue dans nos contrées, mais aussi à vous montrer que l’Occident judéo-chrétien, avec la kabbale, l’hermétisme et les grimoires ésotériques de la Renaissance, n’a pas le monopole des sciences secrètes.
Conclusion :
J’espère que vous aurez apprécié cette découverte, et si c’est le cas, je vous invite à partager et commenter cet article pour me dire quelles autres traditions ésotériques vous aimeriez que je présente dans de futurs écrits.
Bien sûr, au-delà de la simple présentation de l’Onmyodo, je ne doute pas que les plus attentifs d’entre vous auront remarqué qu’il existe de nombreux points de ressemblance (tant dans les rites que dans les croyances) avec des traditions ésotériques qui vous sont plus familières. Cela ouvre de nombreuses pistes de réflexion quant aux éléments archétypaux que l’on retrouve dans divers endroits du monde et à différentes époques.
Pensez également à suivre mes prochaines publications si ce n’est pas encore le cas, afin de ne rien manquer des prochaines explorations occultes que je vous proposerai.
Bibliographie :
• Shinto : Sagesse et pratique, Motohisa Yamakage
• Le Shinto, la source de l’esprit japonais, Emiko Kieffer
• Jean Herbert, le Japon, croyances et rites
• Kojiki : chronique des faits anciens
• Le Nihon shoki : Annales ou Chroniques du Japon
• La voie du yin et du yang : techniques divinatoires et pratiques religieuses, Cahiers d’Extrême-Asie, vol. 21, 2012
• La transmission des « techniques taoïstes » vers l’Est : https://www.persee.fr/doc/asie_0766-1177_2008_num_17_1_1277?q=Onmyodo%20
• Conférence de M. Bernard Faure : https://www.persee.fr/doc/ephe_0000-0002_1999_num_112_108_13013?q=Onmyodo%20
• Entretien avec Bernard Faure : https://www.persee.fr/doc/asdi_1662-4653_2017_num_12_1_1078?q=Onmyodo%20
• Le rituel aux Dakinis, « Dakini-hô », dans le Japon médiéval ; de la magie noire ? : https://www.persee.fr/doc/asdi_1662-4653_2007_num_2_1_871?q=Onmyodo%20
• Le pouvoir impérial et la maîtrise du temps au Japon : https://www.persee.fr/doc/rural_0014-2182_1990_num_118_1_4670?q=Onmyodo%20
• Ofuda, Images gravées des temples du Japon. Collection Bernard Frank : https://www.persee.fr/doc/befeo_0336-1519_2014_num_100_1_6182?q=Onmyodo%20
• Article Onmyodo : https://www.dol-celeb.com/magie/onmyodo/
• Article Onmyodo : https://shinryu.fr/772-onmyodo.html