Les civilisations de Sumer et Akkad

La Mésopotamie, ou le croissant fertile, est le lieu d’émergence des premières grandes civilisations reconnues par les historiens. Après les changements climatiques du Dryas récent, cette région, située entre le Tigre et l’Euphrate, est devenue fertile, favorisant ainsi le développement de l’agriculture et du commerce. Plusieurs communautés humaines organisées en villages, appelées les « Subaréens », peuplaient déjà cette région.

Au IVe millénaire av. J.-C., des migrations ont conduit à l’implantation de plusieurs peuples, dont les Sumériens. Leur langue agglutinante reste un mystère, avec des hypothèses variées sur leurs origines. La plus probable est une migration depuis le Nord-Ouest, de la Syrie ou de l’Anatolie. Les ancêtres des Sumériens se sont établis progressivement dans le sud de la Mésopotamie.

Les Akkadiens, un peuple sémitique venu du Sud-Ouest, se sont installés au nord du territoire sumérien. Un brassage de population s’est produit entre les « Subaréens », les Sumériens et les Akkadiens. Les Sumériens, dynamiques, se sont imposés, développant les techniques d’irrigation, l’agriculture, et le commerce. Chaque cité-État sumérienne était dirigée par un prêtre-roi, suggérant un modèle politique théocratique.

L’écriture sumérienne

L’invention de la première forme d’écriture, d’abord pictographique puis cunéiforme, est l’une des contributions les plus marquantes des Sumériens. Cette écriture a évolué pour faciliter les échanges commerciaux et la documentation de la vie quotidienne. Les tablettes cunéiformes les plus anciennes sont principalement comptables, mais elles ont progressivement inclus des concepts et des mythes. L’écriture akkadienne s’est développée parallèlement et a été utilisée conjointement avec le cunéiforme sumérien pendant plusieurs siècles.

Chronologie sumérienne

Vers -3500, les premières villes sumériennes comme Éridou, Uruk, et Ur ont émergé. Les cités-États fonctionnaient de manière indépendante, avec une ville dominant périodiquement les autres. La royauté apparaît à Éridou, une ville portuaire influente. La liste royale sumérienne, reconstituée à partir de tablettes, détaille les dynasties et les noms des rois depuis les débuts de la civilisation.

En 2875 av. J.-C., les Akkadiens ont temporairement dominé les Sumériens, avant que le pouvoir royal ne revienne aux Sumériens en 2850 av. J.-C. à Uruk, marquant l’unification du pays sous un centre religieux. L’époque de Gilgamesh, roi légendaire d’Uruk, appartient à cette période.

Sargon d’Akkad :

Vers 2350 av. J.-C., Sargon d’Akkad conquiert les cités-États sumériennes et fonde l’empire akkadien. Sargon a entrepris des campagnes militaires, soumettant diverses régions, mais son empire, trop étendu pour les moyens de l’époque, a rapidement sombré dans l’anarchie. Les invasions des Goutis en 2193 av. J.-C. ont précipité la chute de l’empire akkadien.

La renaissance sumérienne :

Après la chute de l’empire akkadien, la civilisation sumérienne renaît sous le règne de Goudéa à Lagash. Goudéa instaure des réformes sociales et reconstruit des temples. La stabilité revient avec Ur-Nammu, fondateur de la IIIe dynastie de Sumer, qui unifie les cités sous un état fort, centralise l’administration, et construit des infrastructures importantes.

Les dernières dynasties :

Shulgi, fils d’Ur-Nammu, continue les réformes et unifie le système des impôts et de la monnaie. Il réorganise l’armée et l’administration. Ses successeurs, Amar-Sin, Shu-Sin et Ibbi-Sin, font face à des invasions amorrites, et l’empire s’effondre progressivement. Les Amorrites prennent le contrôle de la région, créant plusieurs royaumes.

L’influence durable :

L’invasion d’Hammourabi en 1750 av. J.-C. marque la renaissance de la Mésopotamie sous le premier empire babylonien. Bien que les Sumériens disparaissent en tant que civilisation, leur héritage influence les civilisations babylonienne et assyrienne, ainsi que les Hébreux. La ziggourat de Nabuchodonosor II, inspirée des temples sumériens, est un exemple de cette influence.

La vie en Mésopotamie

Les textes sumériens nous renseignent sur le mode de vie et la religion. L’agriculture et la sécurité alimentaire permettent le développement des villes et du commerce. Les Sumériens développent les mathématiques et le système numérique, facilitant la construction et les échanges commerciaux. La religion évolue, passant de l’animisme à la représentation anthropomorphique des divinités. L’écriture permet de diffuser les mythes, comme L’Épopée de Gilgamesh.

Les Sumériens construisent des ziggourats, des temples symbolisant le lien entre les hommes et les dieux. Nippur, la capitale religieuse akkadienne, est dédiée à Enlil, le dieu de l’air.

La cuisine et les mœurs :

La cuisine sumérienne est variée, avec des banquets et des boissons alcoolisées comme la bière et le vin. Les Sumériens n’ont pas de tabous sexuels et les relations entre hommes et femmes sont libres. Les mariages sont souvent arrangés, et les femmes possèdent des droits limités mais peuvent posséder des biens et faire du commerce.

La situation des femmes :

Les coutumes varient entre les Sumériens et les Akkadiens. Les femmes sumériennes ont plus de liberté et peuvent posséder des biens, tandis que les Akkadiennes sont reléguées au rang de marchandises. Les divinités féminines jouent un rôle important, mais leur influence diminue avec la domination akkadienne.

La magie et la justice :

La magie et la sorcellerie sont omniprésentes en Mésopotamie. Les médecins utilisent des plantes et des incantations pour soigner les maladies. La justice est souvent rendue par des ordalies, des épreuves présidées par les dieux.

L’astrologie et l’astronomie :

Les mages sumériens étudient les astres pour prévoir les événements futurs. Le découpage de la semaine en sept jours et les douze maisons zodiacales proviennent de leurs observations. La précession des équinoxes est un phénomène bien connu des Sumériens, influençant l’astrologie contemporaine.

Sumériens vs Akkadiens

Bien que les Sumériens et les Akkadiens aient des cultures distinctes, leur conjonction a donné naissance à la civilisation mésopotamienne. Les Sumériens, plus inventifs, ont laissé une empreinte indélébile. Les Akkadiens, plus nombreux, ont assimilé les Sumériens et maintenu leur système culturel.

L’histoire de la Mésopotamie, de Sumer et d’Akkad, a inspiré les civilisations postérieures de l’Antiquité et continue d’influencer la culture moderne. Ces civilisations sont les fondatrices de notre histoire.

Dossier complet dans mon livre : Arcana – Les civilisations oubliées

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

En savoir plus sur Arcana

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading