La religion gallo-romaine. Partie IV. L’évolution durant l’Antiquité tardive (IIIe-IVe siècle)

                Pendant près de deux siècles et demi, les Gaules prospèrent dans un contexte de stabilité permanente. Le développement de la religion civique gallo-romaine profite de ce contexte. La deuxième moitié du IIème siècle correspond d’ailleurs à la période la plus faste de la religion. Mais l’entrée au IIIème siècle va connaître un tournant progressif mais décisif. Les crises politiques, militaires et surtout économique qui secouent l’empire durant cette période n’épargne pas les Gaules. Un contexte dans lequel les fondements de la religion civique gallo-romaine sont mis à mal.

I. Un effondrement du réseau des sanctuaires gallo-romains ?

                De tout temps de l’époque gallo-romaine, des sanctuaires sont abandonnées. Plusieurs abandons nous sont attestés par l’archéologie dès le IIème siècle de notre ère, voir le Ier siècle. Il s’agit d’abandons volontaires liés à l’évolution de l’occupation des territoires et qui témoignent simplement d’un vrai dynamisme du peuplement, en corrélation avec la fondation de nouveaux temples. Mais à partir du IIIème siècle, le réseau de sanctuaires gallo-romains commence à s’étioler. Plus aucune nouvelle construction ne nous est rapportée, mais surtout on constate un abandon  progressif des sanctuaires, tant civiques que privés, urbains que ruraux.

Un abandon progressif des sanctuaires.

                À partir de 250, les inscriptions et dédicaces religieuses deviennent rarissime, témoignant d’un arrêt des inaugurations mais aussi d’une raréfaction d’honneurs rendus aux divinités. L’abandon d’un lieu de culte repose essentiellement sur une régression puis l’absence de mobilier cultuel recueillit, des céramiques, des dépôts monétaires et de l’instrumentum. L’analyse des vestiges retrouvés permet de dater le phénomène. Celui-ci touche autant les plus petits temples ruraux que les grands sanctuaires civiques des cités. C’est le cas des grands sanctuaires de Mars Mullo à Rennes, du Haut-Becherel chez les Coriosolites (Corseul), de Lenus Mars à Trèves, abandonnés vers le milieu du IIIème siècle. Au Global, 226 sanctuaires du centre-Est de la Gaule et 120 temples du Grand Ouest nous témoignent de leur abandon entre 250 et 350 de notre ère.

                L’analyse des vestiges du bâtiment et des dépôts de démolition permet d’élucider les raisons de ces abandons ou du moins le sort de l’édifice en lui-même. Mais ces informations sont très difficiles à reconstituer. Les raisons d’abandon ont pu être retrouvées avec certitude dans seulement une cinquantaine de temples du Centre-Est de la Gaule et dans 25 sanctuaires du Grand Ouest. Ces raisons sont multiples et disparates dans toutes les provinces de l’empire.

                Les troubles militaires qui secouent le IIIème siècle ont joué pour beaucoup, provoquant la destruction d’un certain nombre des sanctuaires. En effet, à partir de 250, les Gaules vivent une série de violentes incursions germaniques, mais surtout des épisodes de Bagaudes (insécurité civile) et victime de la guerre civile lors de la période de la sécession des Gaules. Les témoignages écrits nous en témoignent et que l’archéologie confirme. A Corseul (Côtes-d’Armor), le sanctuaire civique semble brutalement détruit et incendié à la fin du IIIe siècle. Au même instant, Eumène nous relate dans ses Panégyrique, la destruction de sa patrie : Augustodunum (Autun : qu’il décrit comme l’Athènes des Gaules), par une bande de brigands nommé les Bagaudes. Grégoire de Tours, nous relate aussi la destruction du grand sanctuaire Vasa, en Auvergne, par un groupe d’alémans conduit par un certain Chrocus. Ce dernier pillera Arles par la suite. Les fouilles du site de Vasa ont mise au jour des traces de destructions brutales datant de cette période.

                Mais la destruction brutale n’est pas l’unique raison de ces abandons. En réalité, la majorité des temples connaissent une désaffection délibérée et maîtrisée, qui ne signifie pour autant la destruction du bâtiment. Dans certains cas, on observe un étiolement progressive de la fréquentation puis de l’entretien des édifices (ex : sanctuaire de la Fenotte à Mirebeau) ou bien un démantèlement rapide comme au sanctuaire de Mendeure. Autre exemple intéressant, lors des fouilles du sanctuaire rural de Veil-Evreux, chez les Eburoviques (Evreux) : les éléments fragmentés de statues de Jupiter, Apollon et Minerve sont retrouvés soigneusement placés dans les couches de remblais de démolition. A Jublains, des zones de concentration de déchets et de débitage de matériaux révèlent un démantèlement du temple courant IVe siècle. Cet exemple parmi d’autres montre un soin au démantèlement des temples et à leur désacralisation par les communautés locales.

Certains grands sanctuaires résistent au IVe siècle. Pour le Centre-Est de la Gaule, une quinzaine de lieux de culte perdurent, avant d’être brutalement abandonnés, à la fin du siècle. Quelques grands sanctuaires, comme celui de Mars Mullo au Mans ou bien celui d’Apollon Moritasgus à Alésia fonctionnent encore jusqu’au IVe siècle. Mais qu’advient-il de tous ces édifices délaissés ?

Qu’advient-il de ces sanctuaires abandonnés ?

                 Dans de très rares cas, des restaurations nous sont rapportées par des inscriptions et des textes, comme le panégyrique d’Eumène qui témoignent de la restauration des temples d’Autun par l’empereur Constance. La plupart sont à l’initiative de l’autorité impériale, notamment sous Dioclétien et Constantin, dans les régions du Rhin notamment, où ils séjourneront la plupart du temps. Des inscriptions ne laissent constater de nombreuses initiatives provenant des militaires, toujours dans les cités frontalières. A Mayence, en 276, un décurion du nom de Marcellinius Placidinus, fit dresser un autel votif à la déesse Luna (déesse des saisons) et à la maison divine. En 295, dans la même ville, des militaires restaurent le temple de Mars.  Mais au-delà de ces quelques témoignages, les restaurations sont très rares. 

                Globalement, les édifices sont soit transformés, accueillant des bâtiments industriels ou résidentiels, soit pour beaucoup complètement laissé à la nature. Le grand sanctuaire à Vieil-Évreux connaît un démantèlement partiel vers 250-270, suivi d’une fermeture public et une désacralisation vers 280 pour laisser placer à un Castellum dans les années 270-280. Le temple d’Oiseau-le-Petit laisse place des ateliers de sidérurgie à la fin du IIIème siècle. Le sanctuaire métroaque d’Arras (culte de Cybèle) est abandonné pour laisser place à un petit sanctuaire dédié par une divinité inconnue FROS selon l’inscription, avant d’être remplacé par une caserne. Un temple surburbain de Reims est victime d’un incendie en 250 et est réoccupé par un habitat dans la 2ème moitié du IIIème siècle. Le sanctuaire des Bagnols d’Alba-la-romaine est délaissé un temps avant d’être réoccupé par de petites structures et des sépultures entre 250 et 280.

                Néanmoins, la grande majorité des temples désaffecté sont laissés à la nature et beaucoup vont servir de carrières de matériaux, pour d’autres bâtiments, surtout dans la construction des remparts urbains ou de nouveaux centres urbains (basilique). Ainsi, à Rennes, des blocs du grand sanctuaire de Mars Mullo de la cité, sont retrouvés dans les fondations de l’enceinte, construite à la fin du IIIème siècle, notamment les socles des statues divines. Des pierres du grand sanctuaire de Veil-Evreux sont retrouvées dans les portions récentes de l’enceinte d’Evreux.

                Suivant toutes les données disponibles et grâces aux études de synthèse réalisées dans différentes régions, on peut aujourd’hui établir un phasage de l’occupation des sanctuaires. Globalement, entre 240 et 280, presque la moitié des sanctuaires sont légèrement délaissés. Ensuite, entre 280-310, la grande majorité des temples encore en activité sont abandonnés. Les derniers vestiges de la religion civique disparaissent à la fin du IVe siècle.

II. Un effondrement de la religion publique gallo-romaine ?

                Tous ces abandons et destructions entraînent irrémédiablement une désorganisation globale de la religion civique gallo-romaine. Mais, Ce qui marque vraiment, c’est que, les crises enfin résorbées, les cités gauloises ne font pas de la reconstruction/réhabilitation des temples, ni de la restructuration de la religion publique, leur priorité. Et même, les cités ne cherchent plus à financer et animer un calendrier d’événements religieux. Mais une question se pose alors : Alors que l’empire perdure et se renforce dès la fin du IIIe siècle, pourquoi ces Grands Sanctuaire ne sont pas restaurés ? Et ces abandons généralisés signifient-t-il l’abandon des cultes civiques ?

Un échec de l’évergétisme des élites

                Certains historiens parlent alors de la faillite de l’évergétisme des cités.  Pourtant un pilier de la structure des cités au Haut Empire, les cultes civiques et les fêtes associés ne sont plus financés par les élites. Leur appauvrissement au IIIème siècle ainsi que des cités peut justifier l’incapacité d’assurer l’entretien des cultes et des bâtiments. Tout d’abord, une crise de personnel semble intervenir dans les curies et les magistratures des cités. Suivant certaines sources, soit les élites se font rares, soit il rechigne à se porter candidat. Les fonctions religieuses en sont évidemment victimes.

                Pourtant, des séries de fouilles récentes ont amené à revisiter notre perception de cités du III-IVe siècle. Bien que se rétractant dans des murailles, les cités semblent rester tout aussi vivantes et puissantes, avec des édifices publics décorés, des villas imposantes intra-muros, mais aussi des quartiers péri-urbains productrices et actifs. Comme le montre les textes et les somptueuses villae d’Aquitaine, le IVe siècle fut la période ou l’aristocratie aurait été particulièrement plus riche.

                Ainsi, L’arrêt de la gestion des grands sanctuaires pourrait s’expliquer par une re-concentration des aménagements vers d’autres projets. En effet, les pouvoirs publics se consacrent essentiellement à la construction de remparts, très longues (10-20ans) et très coûteuses, et de nouveaux bâtiments civiques. L’entretien de grand sanctuaire n’est simplement plus une priorité, l’évergétisme des élites s’est tourné vers d’autres besoins (rempart, villae personnelle et thermae privé qui se multiplient à cette époque).

Une intervention de l’autorité impériale ?

                Le manque d’entretien des sanctuaires peut aussi s’expliquer par l’évolution de la gouvernance des cités et des provinces durant le 3e siècle. Évolution dont le pouvoir impérial semble jouer aussi un rôle.

Lors de la réforme de l’État romain sous Dioclétien, les provinces sont réorganisées. Celles-ci sont subdivisées en « Diocèses », dirigés par des vicaires.  Sous la tutelle des gouverneurs impériaux, les vicaires chargés des administrations civiles. Aussi, à partir de Dioclétien, les curatores civitatis : fonctionnaire autrefois nommé par l’empereur et chargé de la surveillance des finances des cités en difficulté, deviennent permanents et annuel. Ils sont alors choisi par les anciens magistrats de la cité et voient leur autorité s’élargir (ce sont les futurs comes civitates (comte de la cité).

De même, les décrets impériaux montrent que Dioclétien encourage les gouverneurs impériaux à prioriser la construction des enceintes urbaines contre d’autres projets d’urbanisation de le financement de fêtes religieuses (code Justinien XI, 42, 1). Dans l’édit de 326, concernant les politiques de reconstruction, Constantin demande aux gouverneurs et aux curateurs de cesser toute réfection des temples païens. L’application de ces décrets a forcément joué sur le sort, même définitifs, de nombreux de sanctuaires civiques des chefs-lieux de cité.

                Ainsi, l’abandon définitif des grands sanctuaires semblent volontaire parmi les autorités et les élites, concentrant les ressources vers d’autres besoins. Ces abandons sont inégales entre les cités et globalement difficile à comprendre, entre destructions, abandon, restauration et non restauration suivant les cas. Comme l’explique les archéologues Marie-Claude L’Huillier et Estelle Bertrand, La disparitions de ces pôles organisateurs des communautés, de leur espace, et de leurs représentations est un phénomène aux dimensions juridiques, politiques et économiques autant que religieuses, qui, dans l’état actuel d’une documentation lacunaire et hétérogène, reste difficile à saisir. » (huillier, Bertrand, les fins des sanctuaires païens dans l’ouest de la Gaule, une histoire à écrire, 2006).

Une certitude, les grands sanctuaires ne sont plus en vogue à l’aube du IVe siècle. Une question se soulève alors : L’effondrement des grands sanctuaires civiques signifie-t-elle un arrêt des pratiques du paganisme gallo-romain ?

III. La chute du paganisme gallo-romain au Ive siècle ?

                Comme l’invite M TH Raepset-Charlier, il faut faire attention de ne pas forcément voir dans l’effondrement de la monumentalité, la fin de l’existence. Est-ce que l’abandon des sanctuaires signifie-t-il un arrêt des cérémonies civiques ?

Une persistance des cérémonies civiques.

                Certains spécialistes doutent d’un abandon des cérémonies communautaires en Gaule, surtout au IIIe siècle mais aussi au IVe siècle. Les cultes impériaux, notamment les cultes solaires, qui appellent des sacrifices publics et des fêtes sont encore encourager par le pouvoir impérial. « Peut-on réellement imaginer  et sans hésitation imaginer la vie des cités sans cérémonie des vœux envers la salut de l’empereur et la grandeur de Rome ?

                Quelques documents en attestent la persistance. En 253, dans une agglomération Trévire, un évergète inaugure un monument public par un sacrifice au génie du Vicus et au Numen d’Auguste. Vers 293-305, la cité de Mayence célèbre un sacrifice à la Triade Capitoline. En 337, Constantin érige un temple, accompagné de jeux scéniques, organisés par des sacerdoces (Hispellum, CIL, XI 5265). Ainsi, les cultes païens, leurs rites, leurs sacrifices et leurs sacerdoces restent vivaces courant IIIe siècle, jusqu’au IVe siècle.

                Par ailleurs, des processions communautaires se pratiquaient encore. Au milieu du IVème siècle, selon Sulpice Sévère, les paysans gaulois avait coutume de porter en procession à travers champs des images démoniaques (vita Martini, 12, 1). L’évêque Simplicius fit arrêter une procession en l’honneur de Cybèle, voué à la protection des vignes et des champs, durant laquelle les fidèles dansaient et chantaient (Grégoire de tour, liber in gloria confessorum, 76).

La continuité des pratiques privées

                Parce qu’en effet, l’abandon manifeste des cultes civiques ne signifie pas la fin des cultes gallo-romains en général. Des activités cultuelles continuent d’être observé dans les temples ruraux et périurbains, même ceux désaffectés. Les traces archéologiques de ces pratiques (offrandes, céramiques, monnaies), retrouvées dans ou à proximité de ces sites sacrés abandonnées, en témoignent.

                Dans beaucoup de sanctuaires en ruines, des traces de visites ponctuels et de liturgies encore rendues sont constatées, comme des dépôts monétaires déposés soigneusement près des remblaies de démolition. Exemple du sanctuaire de Génainville, alors en ruine, où des dépôts monétaires sporadiques continuent d’être déposés dans les bassins attenants, au IVème siècle. Le même constat est fait au sanctuaire dédié à Acionna à Orléans, au tournant du IIIème et du IVème siècle.

                La continuité du paganisme s’assure aussi à travers les cultes à mystères. Le cas du culte de Mithra est un exemple. Le grand mithraum d’Angers, construit à la fin du IIe siècle, perdure jusqu’à la l’aube du Ve siècle, quand le bâtiment est incendié. Le mithraum de Nuis-Sainty-Georges, chez les Sequanes (Jura), connaît la même histoire. On peut ajouter ajouté les cultes dionysiaques et les cultes du soleil qui sont attestés en Gaule à partir du IIe siècle.

                Mais des questions demeurent : Les divinités continuent-elles d’être vénérées ? Lesquelles survivent ou disparaissent ? Il est très difficile de répondre, au-delà des mentions dans des inscriptions ou ex-voto. En effet, des vœux ou hommages envers des divinités, inscrits sur des plaques de bronzes datées du IVème siècle, ou sur de la pierre, sont retrouvés sur des sites de cultes en ruines.

Le réel impact du christianisme sur l’effondrement de la religion gallo-romaine.

                Autre grande cause de cette effondrement est évidemment la diffusion de christianisme. Le IVe siècle est marqué par un conflit perpétuel entre empereurs chrétiens et empereurs païens à travers des édits et lois interposés. En 341, Constance II fait interdire les sacrifices rituels sanglants. En 349, Mayence suspend les lois antipaïennes précédentes. Son successeur reconfirme la fermeture des sanctuaires publics païens par la loi de 356. Vers 361, L’empereur Julien prend la défense des cultes païens. Mais Gratien fait confisquer les biens, trésors et revenus des sanctuaires, fait interrompre les magistratures de prêtrise et stoppe les aides publiques envers les fêtes cérémonielles païennes. Il rompt aussi le lien entre l’État et la religion Romain. Mais, Les édits de Théodose II marquent un coût définitif sur le destin de la religion gallo-romaine. En condamnant successivement, les actes de divinations, les sacrifices sanglants puis la fréquentation des temples non chrétiens, ces lois font entrer les pratiques cultuelles gallo-romains dans la clandestinité.

                Avec les lois déjà vu précédemment sur la gestion des temples, ce conflit a forcément eu un impact sur les  activités des cultes gallo-romains. Mais les historiens s’interrogent sur la force de cet impact. Les communautés chrétiennes restaient peu importantes en Gaule, en dehors de quelques grandes villes impériales. Les applications de ces lois auraient pu ne pas être suivit entièrement. La continuité des pratiques et la persistance de certains cultes le démontre, visible dans les textes et les vestiges. Ainsi, malgré le conflit religieux qui secoue l’empire et dont la violence croit sans cesse.

                Le premier évêque gaulois est connu à Lyon à la fin du IIe siècle. 16 autres évêques nous sont rapportés lors du concile d’Arles de 313. Athanase nous liste 36 évêques en 346. A la fin du IVe siècle, 58 des 112  cités de Gaules et de Germanie possèdent un évêque (soit seulement la moitié des civitates). Ainsi, le christianisme prend réellement de l’importance qu’à partir de 350.  A cet instant la plupart des grands sanctuaires étaient déjà désaffectés. Les bases civiques de la religion chrétienne étaient déjà en lambeau. Par ailleurs, ces évêchés sont essentiellement concentrés dans le Sud-Est des Gaules et les grandes villes du Rhin. En dehors des centres urbains, les communautés chrétiennes sont peu importante voire inexistant part endroits. Ceux-ci expliquent la continuité de plusieurs cultes privées et libre expression des pratiques païennes jusqu’au moins le début du Ve siècle, malgré les lois antipaïennes établi es dans l’empire.

Conclusion :

                Ainsi, de la fin du IIIème siècle au IVème siècle, le monde gallo-romain passe d’un polythéisme communautaire organisé, contrôlé au niveau des cités, à un polythéisme plus libre, désarticulé et privé. Les Grands-sanctuaires civique s’effondrent et avec eux leur rôle organisateur de la vie civique. Quant aux pratiques cultuelles, celles-ci perdurent bien après le IVème siècle. Certains historiens parlent alors d’un paganisme de circonstance, qui serait organisé par des communautés plus étroites et agissantes hors du champ de l’état.

Le vieux scénario d’un effondrement des religions gallo-romaines sous les coups violents de la propagation du christianisme gardent de la valeur (surtout si on révise la chronologie et le phasage). Mais une destruction massive des édifices par les Chrétiens n’est plus défendue. De nos jours, les spécialistes souhaitent privilégier un lent déclin par l’impact des conflits militaires, des suites d’un appauvrissement des communautés ou d’une réorientation des besoins, ainsi que de la réorganisation des territoires. Entre persistances et disparitions, abandon et réoccupation, l’évolution des cultes gallo-romains durant l’antiquité tardive s’avère complexe.

Une chose est certaine, malgré l’absence d’une organisation et d’un cadre civique, les cultes gallo-romains perdurent malgré les exactions des magistrats chrétiens, qui, à force de condamnation, d’interdiction d’adaptation et d’assimilation, mettront encore plusieurs siècles avant de parvenir à « christianiser » la vie religieuse en Gaule.

Conclusion générale

                Pour résumé l’ensemble des connaissances générales sur la religion gallo-romaine, que nous venons d’explorer, rien de mieux de citer un contemporain : Quintus Aurelius Symmaque, Gaulois qui accéda au consulat et au proconsulat dans la 2e moitié du 4e siècle. Alors préfet de  Rome, Symmaque rédige une série des lettres pour l’empereur Valentinien II en 384, défendant le polythéisme. Il dit :

« suus enim cuique mos, suus ritus est, varius custodes urbibus cultus mens divina distribuit » : « Chacun en effet à ses coutumes, chacun suit ses rites, L’intelligence divine a assigné aux différentes villes, comme protecteur, des cultes différents » (trad. Lavarenne).

« Ut anima nascentibus, ita populis fatales genii diuiduntur » : « de même que les âmes pour ceux qui naissent, ainsi aux peuples sont distribués des génies responsable de leur destiné.

                La religion gallo-romaine est un polythéisme multiple, par les multitudes de ces cultes, structuré autour de culte civique et communautaire œuvrant à la cohésion sociale des cités et à appartenance à l’empire, et autour desquels cohabitent et prospèrent des cultes et des pratiques privées. Elle connaît une « grande période » durant le Haut Empire, avec le développement des panthéons des cités et la construction des Grandes Sanctuaires civiques. Avant de s’effondrer sous le coup des diverses crises et des mutations que connaissent les Gaules à partir de 350 jusqu’au milieu du IVe siècle. L’installation du christianisme comme religion officielle finira d’éliminer aux derniers vestiges des cultes communautaires et mettra encore des siècles avant de venir à bout à de nombreuses pratiques païennes.

Par Maccleod

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