L’histoire de Jacques de Molay, dernier grand maître des Templiers, est entourée de mystères et de controverses. Issu de la petite noblesse bourguignonne, probablement originaire de la Haute-Saône ou du Jura, son parcours au sein de l’ordre des Templiers illustre les défis et les péripéties d’une époque marquée par les croisades et les luttes de pouvoir. Cette vidéo retrace les grandes étapes de sa vie, depuis son entrée dans l’ordre jusqu’à sa fin tragique sur le bûcher.
Les Origines de Jacques de Molay
L’histoire de Jacques de Molay est difficile à définir avec précision. Nous savons qu’il est issu de la petite noblesse bourguignonne, probablement originaire de la Haute-Saône ou du Jura. Né entre 1244 et 1248, son enfance est marquée par la croisade du roi Saint Louis. Les raisons qui le poussent à rejoindre l’ordre du Temple sont inconnues. Il est possible que certains de ses aïeux l’aient inspiré, mais nous ne disposons pas d’éléments pour le prouver.
Il intègre la milice des chevaliers du Christ en 1265 à la commanderie de Beaune, où il est fait chevalier. Nous ne savons pas précisément quelles sont les actions de Jacques de Molay au sein des Templiers lors de ses premières années. Il ne semble pas avoir occupé de poste important en Orient ou en Occident, restant un anonyme au sein de l’ordre. Il est probable que De Molay se rende en Terre Sainte rapidement, avant 1273, sans certitude, mais la géopolitique de l’Orient de cette époque demandait un apport régulier et massif de jeunes chevaliers.
Nous retrouvons sa trace lors du deuxième concile de Lyon en 1274. Jacques de Molay se trouve en Occident et assiste au concile en compagnie du grand maître de l’époque, Guillaume de Beaujeu. Ce concile est très important car c’est lors de cette réunion qu’est évoquée pour la première fois la fusion des ordres de l’Hôpital et des Templiers. Les deux groupes de chevaliers étaient en rivalité depuis longtemps, et plusieurs tensions avaient fait naître l’idée de les réunir en un seul pour centraliser la puissance mais également pour empêcher de futurs incidents en Terre Sainte. La fusion est virilement repoussée par Guillaume de Beaujeu, mais la question reviendra lorsque Jacques de Molay deviendra maître du Temple.
Deux Maîtres, Deux Visions de l’Ordre
La situation des chrétiens en Orient est catastrophique. La principauté d’Antioche venait d’être détruite par les Mamelouks d’Égypte et les forteresses tombaient les unes après les autres. Les chrétiens en étaient réduits à vivre dans quelques enclaves fortifiées sur le littoral. La croisade de secours du roi Saint Louis ne prend pas la route de la Terre Sainte et se solde par un échec devant les murs de Tunis, laissant les croisés livrés à eux-mêmes face à la violence des armées mamelouks.
C’est dans ce contexte que Jacques de Molay participe aux événements. Thomas Bérard est le maître de l’ordre entre 1256 et 1273, dirigeant les Templiers pendant la pire période des croisades sans que la responsabilité de la déperdition des positions chrétiennes ne puisse lui être imputée, celles-ci étant le fait de l’arrivée des Mamelouks sur la scène politique. Thomas Bérard est un réformateur, il veut remodeler l’ordre et notamment adoucir les relations avec les autres ordres de chevalerie.
Templiers, Hospitaliers et Teutoniques conviennent d’un accord : si deux ordres sont en conflit, le troisième prendra le rôle d’arbitre. Thomas Bérard suit la ligne politique définie quelques années plus tôt par Saint Louis. Il est partisan de l’alliance avec les Mongols contre les Mamelouks et de la mise en place d’une nouvelle croisade d’envergure, rejetant les petites expéditions d’escarmouche qui sont facilement repoussées par les musulmans.
Son successeur, Guillaume de Beaujeu, prendra une voie totalement différente. Le nouveau maître du Temple est élu en 1274. Contrairement à son prédécesseur, ce n’est pas un réformateur et il ne souhaite pas l’alliance avec les Mongols. Au contraire, il préfère entretenir de bonnes relations avec les Mamelouks et s’oppose à une nouvelle croisade. Il nous faut préciser que Guillaume de Beaujeu était proche du roi de Sicile, Charles Ier d’Anjou, qui ne souhaitait pas de conflit avec les sultans d’Égypte afin d’asseoir son pouvoir en Méditerranée. Guillaume de Beaujeu suit la politique angevine et préfère assurer la présence des Francs en Terre Sainte uniquement via les puissantes forteresses collées à la mer plutôt que de jouer la carte des Mongols.
Au moment de l’élection de Guillaume de Beaujeu, une trêve est en cours avec le sultan Mamelouk suite à la neuvième croisade conduite par Édouard Ier d’Angleterre. Cependant, la situation reste précaire. Les trêves avec les Mamelouks ne durent jamais longtemps. La cité de Tripoli tombe en 1289 et Saint-Jean d’Acre est la prochaine cible. La politique de ménagement conduite par Guillaume de Beaujeu n’a pas porté ses fruits et les dernières enclaves chrétiennes sont sur le point de disparaître. Le siège de Saint-Jean d’Acre a lieu en 1291 et le grand maître est tué après une brillante résistance. Les Templiers évacuent le trésor, les archives et les reliques vers l’île de Chypre avant la chute de la ville.
De Molay, le Grand Maître du Temple
L’ordre du Temple est dans une position critique. Une grande partie des combattants sont morts à Saint-Jean d’Acre et la perte des positions chrétiennes est un coup dur. Les vestiges du Temple se regroupent autour de Thibaut Gaudin, élu maître du Temple sur l’île de Chypre. Il est difficile de savoir les conditions exactes de son élévation, étant donné que les commandeurs de province n’ont pas fait le déplacement en Orient. Il est probable que Thibaut Gaudin ait dû prendre les rênes de l’ordre rapidement sans passer par une élection formelle. Une sorte d’intérim dans une situation délicate, la situation exigeait des réponses rapides et les Templiers de Chypre se sont ralliés à la figure d’autorité et d’expérience qu’ils avaient sous la main.
C’est là qu’apparaît Jacques de Molay. D’après certains, il aurait fait partie du gouvernement de Thibaut Gaudin, sans aucune certitude mais hautement probable. Le maître du Temple par intérim meurt au début de l’année 1292 et l’élection du nouveau maître va avoir lieu dans des conditions régulières. Jacques de Molay fut un Templier discret jusqu’alors, aucun poste de commandeur ou de responsabilité ne nous est connu, il est pourtant peu probable qu’il soit un total inconnu.
Il est élu maître du Temple le 20 avril 1292. Alain Demurger propose une hypothèse sur l’absence ou la discrétion de Jacques de Molay dans les archives de l’ordre : il est probable qu’il fut un proche de l’ancien maître Thomas Bérard, le réformateur partisan de l’alliance avec les Mongols, et qu’il soit en opposition avec la politique de Guillaume de Beaujeu de conciliation avec les Mamelouks. Il n’aurait donc pas tenu de poste à responsabilité lors de la maîtrise de Beaujeu, étant en opposition avec sa politique. Lors de la débâcle de Saint-Jean d’Acre et malgré l’héroïsme du grand maître, la politique de Beaujeu fut sérieusement mise en doute, ce qui permit au camp d’opposition de prendre la main après le court interlude de Thibaut Gaudin qui fait office de maître de transition lors de l’évacuation.
De Molay, le Réformateur ?
Jacques de Molay n’est pas un grand maître passif comme beaucoup l’ont décrit. Au contraire, c’est un homme d’action qui se démène pour faire bouger la situation. Il entretient une large correspondance avec les puissances occidentales et notamment la couronne d’Aragon. Il mène plusieurs expéditions pour la défense de l’Arménie chrétienne contre les musulmans et s’emploie à réactiver l’alliance avec les Mongols dont Saint Louis et Thomas Bérard avaient rêvé.
Jacques de Molay installe son gouvernement et prend la route de l’Europe en 1293 afin de réformer l’ordre, le dépoussiérer ou du moins lui donner un nouveau souffle. Le grand maître voyage en Aragon, en France, en Angleterre et en Italie. C’est peut-être durant cette période qu’il rencontre Philippe le Bel (roi de France) mais nous n’avons pas de certitude sur la question.
Il sillonne l’Europe pour rallier les princes d’Occident à sa cause et assiste à l’élection du nouveau Pape Boniface VIII avec qui il entretient d’excellentes relations, contrairement au roi de France qui sera en conflit ouvert avec le nouveau pape. Jacques de Molay reprend la route de la Terre Sainte en 1296 et s’emploie à préparer l’avenir et la reconquête de la Terre Sainte. Les Templiers, assistés de l’Hôpital et du royaume de Chypre, coordonnent les actions avec celles des Mongols, Jacques de Molay étant le maître d’œuvre de ces opérations.
La première action est lancée sur l’Égypte en 1300, somme toute modeste mais suffisante pour perturber les sultans mamelouks bien occupés par la pression mongole en Syrie. Les chrétiens possèdent la suprématie maritime sur la Méditerranée et Jacques de Molay compte bien profiter de cet avantage pour ouvrir une tête de pont en Orient afin de permettre le débarquement d’une nouvelle croisade. L’opération prend forme, les Templiers s’implantent sur l’îlot de Rouad juste devant les côtes syriennes et la citadelle de Tortose. Jacques de Molay sait qu’aucune croisade occidentale n’est en marche mais les Mongols prévoient une vaste opération militaire contre les Mamelouks.
Les Templiers négocient avec le grand khan pour la possession future de Jérusalem et des anciens territoires chrétiens. Ils trouvent un accord mais l’armée mongole fait défection et repousse son opération, laissant les Templiers seuls sur l’îlot à maintenir la tête de pont pour le projet de croisade en cours. L’absence des Mongols permet aux Mamelouks de concentrer leurs forces contre les chrétiens sur l’îlot de Rouad. La marine chypriote ne vient pas au secours des Templiers malgré les insistances de Jacques de Molay. La centaine de Templiers tient la position sur l’îlot mais les Mamelouks parviennent à débarquer, devant l’absence de la flotte chrétienne. Les Templiers résistent quelque temps, puis les Mamelouks leur offrent la reddition et la possibilité de repartir vers Chypre.
Les Templiers acceptent mais les Mamelouks les font exécuter sans sommation. Les défenseurs de Rouad ont bel et bien été abandonnés à leur sort par le roi de Chypre Henri II. Jacques de Molay n’abandonne pas pour autant son projet de mettre en place une tête de pont pour un futur débarquement massif, mais sans l’alliance mongole qui n’est plus fiable. La reconquête doit venir de l’Occident et il fallait maintenant convaincre les princes pour la mise en place d’une grande expédition à l’image des trois premières croisades.
La Convocation et l’Avenir de l’Ordre
Le Pape Clément V convoque le maître du Temple et de l’Hôpital en Europe pour répondre à deux questions : l’avenir des croisades et de la reconquête de la Terre Sainte mais aussi la fusion des deux ordres de chevalerie. Jacques de Molay sait que la fusion des deux ordres est inévitable à plus ou moins long terme, mais il sait également que la fusion des Templiers et des Hospitaliers sera plus une absorption du Temple par l’Hôpital. Il va défendre ses positions et ses arguments contre le projet.
Jacques de Molay arrive en Europe en 1306 et prend connaissance des rumeurs qui accusent les Templiers. Il est difficile de savoir si Jacques de Molay prend conscience de la gravité de la situation au début de l’année 1307. Certes, il avait commencé la restructuration de l’ordre, mais il s’agissait surtout de réformettes plus que d’une résolution des problèmes de fond. Il ne savait pas plus qu’un projet était en gestation depuis 1305 dans la tête du roi de France : s’attaquer aux Templiers dans le but d’affaiblir la papauté, et tous les éléments étaient réunis pour que Philippe le Bel passe à l’action.
Jacques de Molay et le maître de l’Hôpital exposent leurs projets au Pape sur la question de la reconquête. Foulques de Villaret, maître des Hospitaliers, propose la mise en place d’une croisade d’envergure, mais que celle-ci soit précédée de petites expéditions dans le but de préparer le terrain pour la grande, avec comme cible l’Égypte. Jacques de Molay et le Temple ne partagent pas le même avis. Pour lui, les expéditions préparatoires sont une perte de temps et surtout sans effet, l’exemple de l’îlot de Rouad en est une bonne illustration : une petite troupe sera systématiquement balayée par les Mamelouks. Il mise sur une expédition d’envergure de la même façon que la troisième croisade, mais avec l’Égypte comme cible afin de frapper au cœur de l’empire mamelouk.
Sur la question de la fusion des ordres, Jacques de Molay expose ses contre-arguments. Il craint notamment que l’ordre réuni passe sous la direction d’un souverain temporel (comme le roi de France), ce qui lui enlèverait son rôle initial pour le faire sombrer dans les affaires politiques européennes, ce qui n’était pas sa fonction. La question de la fusion des ordres tombe à l’eau du moins pour le moment, mais Jacques de Molay par son refus systématique se place dans une position délicate, notamment face au roi de France qui briguait justement la création de cet ordre unique et d’en prendre la tête.
Il est à noter cependant que la plupart des souverains d’Europe étaient favorables à la fusion des ordres, tous voulaient d’ailleurs en prendre le contrôle. Le roi de France était le plus actif et n’avait pas envie que le futur ordre de chevalerie devienne l’armée personnelle du pape.
Le Procès des Templiers
Le vendredi 13 octobre 1307, tous les Templiers de France sont arrêtés par les hommes de Philippe le Bel. Une poignée de Templiers réussissent à s’échapper, notamment le maître de France, Gérard de Villiers, avec ses 40 hommes.
Le roi de France envoie des missives à tous les souverains d’Europe afin de les enjoindre à procéder à l’arrestation des Templiers de leurs royaumes en raison de pratiques hérétiques. La plupart n’accordent pas de crédit aux accusations et ne suivront pas le roi de France dans sa démarche. Les Templiers sont torturés par les inquisiteurs et les aveux sont arrachés. Jacques de Molay lui-même confesse deux crimes : le reniement du Christ et le fait de cracher sur la croix lors de la cérémonie d’initiation au Temple, mais il réfute les autres accusations comme l’adoration d’une idole ou la pratique homosexuelle au sein de l’ordre.
La question de savoir si Jacques de Molay a été torturé fait encore débat et plusieurs documents contradictoires maintiennent le doute. Pragmatiquement, la torture ou la menace de torture peut être suffisante pour expliquer la position de Jacques de Molay, notant néanmoins que les déclarations du grand maître sont très sommaires. Il est tout à fait possible que De Molay ait simplement dit la vérité sur des pratiques en usage dans l’ordre, sachant bien que de nombreux Templiers en feraient mention lors des interrogatoires.
Le grand maître, probablement manipulé, écrit un manifeste incitant les Templiers à ne rien cacher et à répondre aux questions des inquisiteurs, ce qui de toute façon était déjà le cas. Philippe le Bel pouvait savourer sa victoire, pensant déjà avoir brisé l’ordre par les révélations de centaines de Templiers. Le but de cet article n’est pas d’exposer tous les éléments du procès des Templiers mais de suivre l’histoire de Jacques de Molay et de sa posture face aux accusations. Le procès des Templiers fera l’objet d’un autre article.
Les Templiers ainsi que les dignitaires ont avoué, ce qui est suffisant pour condamner l’ordre aux yeux de Philippe le Bel. Mais le pape cherche à reprendre les choses en main. De toute façon, à l’état de la situation, l’ordre du Temple ne pouvait plus s’en sortir indemne. Le Pape Clément ordonne l’arrestation de tous les Templiers d’Europe le 22 novembre. Il y aura des résistances dans le royaume d’Aragon et sur l’île de Chypre. Clément V exige d’interroger lui-même les Templiers et particulièrement les dignitaires.
Il envoie deux évêques qui rencontrent De Molay, et ce dernier retrace ses aveux. Le pape ordonne de rencontrer les Templiers et les chefs de l’ordre lui-même à Poitiers. Philippe le Bel sent que la situation lui échappe et décide d’envoyer 72 Templiers soigneusement sélectionnés à Poitiers, mais prétexte le mauvais état de santé des dignitaires pour les évacuer vers Chinon. Le pape envoie de nouveau ses émissaires rencontrer De Molay. Nous sommes en 1308, les cardinaux interrogent De Molay et ce dernier revient à ses premiers aveux et reçoit l’absolution de ses crimes. Une situation compliquée, pourquoi De Molay revient-il sur ces aveux ? Il n’est pas torturé !
Il est probable qu’il y ait une entente avec les émissaires du pape. Il était peut-être inutile de nier l’évidence des pratiques du rituel d’initiation au vu des centaines de témoignages à travers toute la France. La commission pontificale se met en place afin de juger l’ordre du Temple. Philippe le Bel pouvait juger indépendamment les Templiers en tant qu’individus mais n’avait aucun pouvoir pour s’attaquer directement à l’ordre.
C’est donc deux procédures qui cohabitent et s’opposent. Jacques de Molay est entendu par la commission pontificale en 1310. Sa posture de défense ne manque pas d’intriguer. Rappelons-nous qu’il avait reçu l’absolution de ses crimes et qu’il y avait probablement une entente avec le pape. Le grand maître ne rétracte pas ses aveux et s’en remet au seul jugement du pape quant à l’avenir de l’ordre du Temple. Il se mure dans le silence et ne parlera plus jusqu’en 1314 du moins d’après les sources qui nous sont connues.
Le Crépuscule des Templiers
Le concile de Vienne de 1312 va statuer sur l’avenir de l’ordre. Philippe le Bel souhaite sa condamnation pure et simple et que les richesses du Temple sur le sol français lui reviennent. Clément V ne peut plus sauver l’ordre du Temple, mais va faire une dernière entourloupe au roi de France. Il déclare l’abolition de l’ordre du Temple sans le condamner et ses richesses et possessions reviendront à l’ordre des Hospitaliers.
La fusion des ordres avait bien eu lieu, plutôt une absorption par l’Hôpital comme le redoutaient les Templiers, mais Clément V avait volé la victoire au roi de France. L’ordre n’est pas condamné mais les Templiers individuellement le seront. Le pape conserve la prérogative du jugement des quatre dignitaires qui sont enfermés au château de Gisors.
Il existe trois destins possibles pour chaque Templier à la suite de leur procès individuel :
Première situation : ils ont avoué leurs crimes et ne sont jamais revenus sur leurs déclarations. Dans ce cas, ils seront libérés et absous de leurs péchés, certains d’entre eux rejoindront d’autres ordres de chevalerie ou des monastères par la suite.
Deuxième situation : ils n’ont jamais avoué de crimes. Dans ce cas, ils seront condamnés à la prison à vie car ils sont considérés comme menteurs.
Troisième situation et la plus complexe : il s’agit de ceux qui ont avoué des crimes et sont revenus sur leurs aveux par la suite. La plupart seront déclarés relaps et brûlés sur le bûcher.
Dans cette situation, nous comprenons pourquoi de nombreux Templiers ont avoué des crimes sans revenir ultérieurement sur leurs déclarations. C’était la seule méthode pour s’en sortir individuellement.
Nous arrivons au jugement des dignitaires en 1314 : Jacques de Molay, le grand maître du Temple, Geoffroy de Charnay, commandeur de Normandie, Hugues de Pairaud, grand visiteur de France (qui, accessoirement, était en bonne relation avec Philippe le Bel avant les événements, ce qui ne l’empêchera pas d’être condamné comme les autres), et Geoffroy de Gonneville, maître de la province d’Aquitaine. Tous seront condamnés à la prison à perpétuité, alors que l’ordre n’existait plus depuis la bulle papale Vox in Excelso du concile de Vienne.
Jacques de Molay s’insurge, revient sur ses aveux et se déclare innocent, ainsi que l’ensemble de l’ordre du Temple. Geoffroy de Charnay le suit dans ses déclarations. Les deux hommes savent très bien ce qui les attend. Hugues de Pairaud et Geoffroy de Gonneville restent dans le silence. Philippe le Bel, sans sourciller, les déclare relaps et les condamne au bûcher, qui aura lieu le soir même sur l’île de la Cité à Paris. C’est encore une violation du droit canon, car la décision devait revenir au pape, mais Philippe avait depuis longtemps dépassé ses attributions.
Jacques de Molay monte sur le bûcher et prononce ses dernières paroles à l’encontre de l’injustice qui frappa l’ordre et sollicitant la justice divine qui seule connaît la vérité sur l’ordre du Temple.
Conclusion
Jacques de Molay, dernier grand maître des Templiers, est une figure tragique de l’histoire médiévale. Son destin et celui de l’ordre qu’il dirigeait ont été marqués par des luttes de pouvoir, des intrigues politiques et des trahisons. Bien que les Templiers aient été dissous et leurs membres persécutés, l’histoire de Jacques de Molay demeure un témoignage poignant de courage et de dévouement dans une époque troublée. Son exécution sur le bûcher reste un symbole de la fin d’une ère et continue de fasciner historiens et passionnés d’histoire.
Bibliographie :
- Alain Demurger, Les Templiers, une chevalerie chrétienne au Moyen Âge
- Alain Demurger, Jacques de Molay : Le crépuscule des Templiers
- Barbara Frale, Les Templiers
- Jacques Rolland, l’assassinat programmé des templiers
- Grandes Chroniques de France, xive siècle
- Chronique du Templier de Tyr, xive siècle
- Boniface VIII, Les registres de Boniface VIII : recueil des bulles de ce pape