Göbekli Tepe, un temple 10 .000 ans av. J.-C.

Le site archéologique de Göbekli Tepe, situé dans le sud de la Turquie à quelques kilomètres de la Syrie, fut découvert pour la première fois en 1963. Cependant, c’est dans les années 90 qu’un berger trouva par hasard des structures de pierre enfouies, déclenchant ainsi une véritable mission archéologique dirigée par Klaus Schmidt de l’Institut Archéologique Allemand. Les fouilles révélèrent plusieurs cercles de pierre dans des tumulus de terre de 15 mètres de hauteur, sur une superficie de 300 mètres de diamètre, bien plus vaste que Stonehenge en Angleterre.

La véritable révolution de cette découverte réside dans les dates d’édification du site, établies grâce aux analyses au carbone 14 sur des restes organiques trouvés sur place. Ces analyses datent les temples de Göbekli Tepe à environ 10 000 av. J.-C., soit bien avant les alignements de Carnac, les premières cités sumériennes, Stonehenge, et les pyramides de Gizeh. Cette datation a provoqué un séisme dans le monde de l’archéologie, car elle remet en question les connaissances établies sur les capacités des sociétés de l’époque.

Les constructeurs de Göbekli Tepe n’utilisaient que des outils de pierre, sans maîtriser des techniques comme la roue ou la poulie. Malgré cela, ils ont bâti des structures monumentales nécessitant une organisation sociale complexe et des compétences spécifiques, impliquant des centaines de personnes. Ces éléments intriguent encore la communauté scientifique, car à cette période, les hommes étaient essentiellement des chasseurs-cueilleurs, et il n’y avait aucune trace d’habitations à proximité du site.

Architecture des Temples

Göbekli Tepe comprend principalement quatre enceintes circulaires de 10 à 20 mètres de diamètre, chacune centrée autour de deux monolithes en forme de T, pesant entre 15 et 20 tonnes et mesurant 5 à 6 mètres de haut. Ces monolithes sont installés sur des socles d’environ 15 centimètres. Les enceintes sont entourées de murs de pierre en mortier d’argile, parsemés de plusieurs autres monolithes de 3 à 5 mètres de haut et pesant environ 10 tonnes chacun.

Les monolithes sont ornés de sculptures en haut-relief représentant des animaux comme des aurochs, des sangliers, des oiseaux, des renards, des serpents et des scorpions, témoignant d’une maîtrise artistique et technique remarquable pour l’époque. D’autres découvertes récentes incluent des pierres de passage, probablement à but initiatique, situées à des endroits symboliques comme les portes et les fenêtres des enceintes.

Les monolithes centraux ont une forme anthropomorphique sans tête, avec des détails vestimentaires comme des ceintures et des pagnes, ce qui suggère que les formes en T représentent les têtes des individus. Cependant, cette absence de têtes humaines représentées reste un mystère.

Alignement Astronomique et Usage Rituel

Les temples de Göbekli Tepe semblent également répondre à des exigences astronomiques, avec des portes alignées sur les phénomènes stellaires d’équinoxe et de solstice. Cela indique une connaissance approfondie des mouvements des astres et des techniques d’observation à long terme. Après environ deux mille ans d’utilisation, les temples furent ensevelis volontairement sous un monticule de terre par les peuples de la région, avant d’être complètement abandonnés vers 8000 av. J.-C.

La construction de Göbekli Tepe nécessite une logistique sur plusieurs générations et une main-d’œuvre importante, ce qui suppose une organisation sociale avancée. Des ethnologues suggèrent que ce projet aurait permis la cohésion de plusieurs tribus, facilitant les échanges de connaissances, d’outils, et les mariages, tout en évitant les querelles entre tribus voisines.

Contexte Chronologique

Göbekli Tepe s’inscrit dans une période de transition entre le Mésolithique et le Néolithique. Cette période correspond à la fin du Dryas récent, une ère glaciaire qui provoqua une montée des eaux globales de 120 mètres en moyenne. La fin de cette période coïncide avec l’abandon et l’ensevelissement de Göbekli Tepe, potentiellement lié aux bouleversements climatiques de l’époque.

Comparativement à d’autres sites archéologiques contemporains, Göbekli Tepe précède de plusieurs millénaires les structures similaires en Europe. Par exemple, les mégalithes d’Europe sont souvent considérés comme des tombes, bien que cette théorie ne repose sur aucun élément factuel solide. Les centres mégalithiques d’Europe occidentale sont souvent des sanctuaires religieux, répondant au même code astronomique que Göbekli Tepe.

Fonction des Temples

Selon Klaus Schmidt, les temples de Göbekli Tepe servaient de sanctuaires religieux pour les rituels des chasseurs-cueilleurs ou des semi-nomades. Göbekli Tepe est ainsi considéré comme le plus ancien site religieux édifié en pierre découvert à ce jour. Les autres sites religieux antérieurs sont des grottes naturelles utilisées pour l’art pariétal.

La nature religieuse de Göbekli Tepe est difficile à prouver, mais il n’y a pas de sépultures à proximité, pas de traces de nourriture en abondance, et pas d’habitations proches, ce qui exclut d’autres fonctions potentielles. Le site aurait été utilisé pour des rassemblements rituels à certaines périodes de l’année, probablement en relation avec les équinoxes et les solstices.

Le symbolisme du site est également important. Les monolithes anthropomorphiques centraux sans visage pourraient représenter des divinités ou des ancêtres illustres, immortalisés dans la pierre pour protéger le lieu sacré. Les représentations animales sur le site pourraient être des totems d’invocation ou des gardiens symboliques de l’espace sacré.

L’enfouissement du site reste un mystère. Il est possible que les peuples se soient sédentarisés et aient développé l’agriculture, abandonnant ainsi les anciens lieux de culte. Une autre hypothèse est que les temples de Göbekli Tepe étaient destinés à être des structures souterraines, symbolisant un lieu de communication avec les forces chthoniennes de la terre.

Conclusion

Göbekli Tepe est un site archéologique unique et mystérieux, offrant un aperçu fascinant sur les capacités et les croyances des sociétés préhistoriques. Sa découverte a révolutionné notre compréhension des premières civilisations et continue de susciter de nombreuses questions et hypothèses parmi les chercheurs et les historiens.

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